Un ami lecteur me fait récemment remarquer que j'ai oublié ceci ou cela (d'ailleurs au passage, ne me faites pas remarquer les fautes d'ortographe, je les vois et ça me rend dingue). Un : si je commence à être exhaustif dans ces posts, ce ne sont pas trois, quatre ou cinq morceaux que vous retrouveriez ici mais quelque chose entre mille et dix mille, ce qui, avouons le, ne serait pas très raisonnable, eu égard à votre emploi du temps. Deux : au moment où j'écris le post, ce sont les quelques uns auxquels je pense, alors que ce seraient peut-être d'autres artistes, d'autres morceaux et d'autres sujets sur lesquels j'écrirais si le moment n'était pas le même. Les posts révèlent souvent des humeurs, et les humeurs, des instants. En espérant qu'une fois ces instants mis à bout à bout, ils révéleront un portrait plus global. Mais puisqu'on parle de portrait, je tiens à préciser que, parfois, je m'attache plus à un détail, à une petite ombre par ici, une teinte de couleur par là, alors que je n'ai pas encore donné tous les grands traits de l'esquisse. Ce qui veut dire, pour parler dans le langage de ce blog, que je vais m'attacher à parler d'artistes relativement mineurs dans mes goûts (c'était le cas hier ou avant hier) alors que je n'ai pas encore fait le tour d'artistes ou morceaux qui m'apparaissent indispensables. Il faut remettre les choses à leur place : les artistes que j'évoque depuis le début n'arrivent pas par ordre d'importance ; ils arrivent avec l'air du temps de ma journée. Et le mail d'un autre ami lecteur peut ainsi déterminer l'humeur de ce blog sans pour autant fournir un point essentiel de ma personnalité musicale ; c'est un détail, mais vous savez bien que lorsque vous regardez le tableau, pour avoir une bonne vision d'ensemble, il faut aussi s'arrêter sur les détails.
Le détail du jour me vient donc de ce mail où mon ami lecteur me renvoie quelques unes de ses obsessions, idées fixes, ou en tout cas pensées musicales du jour via quelques souvenirs qu'il conserve, lui, des années 80. C'est toujours un vrai plaisir de se retrouver sur la même longueur d'ondes qu'un autre auditeur. Parce que, quand vous êtes passionné de musique comme je le suis, vous vous dites que vous tenez là un véritable ami. Et cette amitié, logique, prend sa source dans des goûts communs, y compris dans les détails. Donc mon ami lecteur m'informe que Fool's paradise de Rosie Vela fut son premier CD. Moi, je l'ai en vinyle, l'album. Je me demande quelle technologie, le laser ou le diamant, rend le plus justice au son doux, enveloppant de Magic Smile, par exemple.
Ce son très Californien (je précise que j'allais écrire "qualifornien"!), avant d'être celui de Rosie Vela (obscure mannequin, qui, par la suite, retourna à l'obscurité), c'est bien sûr celui de Steely Dan. D'abord parce que Rosie Vela, même si elle a composé l'album, a toujours reconnu qu'ils s'agissait de ses héros. Et puis parce que Walter Becker et Donald Fagen, Steely Dan donc, jouent sur l'album produit par Gary Katz, le producteur de... Steely Dan. Là encore, je tiens à préciser que je ne suis pas fan de Steely Dan au point d'avoir leurs disques. Steely Dan, c'est le genre de trucs (et je dis ça sans dédain aucun, bien au contraire) qui, lorsque ça passe en radio, me fait taper du pied, fredonner, voire monter le son et me dire à la fin (de Hey Nineteen par exemple) que : "Putain, c'que c'est bien foutu"
J'admire l'élégance de Steely Dan même si elle n'est pas primordiale dans ce que je recherche dans la musique. Peut-être en eut-il été autrement si j'avais eu seize ans dans les années 70 plutôt que 80, la carrière de Steely Dan s'étant arrêtée précisément à Hey Nineteen et l'album Gaucho en 1980. D'ailleurs pour être honnête, si je n'ai pas de Steely Dan dans ma discothèque, j'ai par contre l'album The Nightfly de Donald Fagen sorti en 1982 mais qui me parle bien plus car sorti à une époque où je m'intéressais définitivement à la musique. Or, Donald Fagen y reprenait exactement les mêmes obsessions musicales, ce même son, toujours produit par Gary Katz. Y a pas grand chose entre Hey Ninetee, et IGY. Le son Steely Dan est là,un peu jazzy, mais toujours, toujours, avec la même élégance.
C'est d'ailleurs bluffant de voir que vingt ans après, en 2000, pour l'album de la réunion, ils avaient toujours le même son. Comme une recette dont ils seraient les seuls détenteurs. La même, toujours, mais pour un résultat, toujours, délicieux. Quelques temps avant d'écrire ce post, je m'étais dit que je parlerais de mon goût pour la musique West Coast, ou en tout cas pour le son. Ce que je pourrais donc faire ici. Mais le son de Steely Dan est réellement unique par rapport à celui de, disons, Dary Hall & John Oates ou des Doobie Brothers. Steely Dan étaient les seuls à réellement lorgner du côté du jazz ; c'est peut-être aussi la raison pour laquelle je n'ai pas une réelle proximité avec leur production que je ne fais qu'admirer de loin. Le reste du son West Coast était plus tourné vers la Soul, le funk ou le rock. Il n'empêche que j'étais à deux doigts d'aborder le sujet Michael McDonald, le chanteur des Doobie Brothers, qui est celui que je sentais le plus près de ce son. Quelle n'a pas été ma surprise d'apprendre qu'il tournait actuellement sous l'appellation Dukes of September avec Donald Fagen (et aussi Boz Scaggs, autre tenant de la musique West Coast que je connais moins). J'avais aussi totalement zappé le fait que McDonald avait fait les choeurs sur plusieurs chansons de Steely Dan. Ils partagent quelque chose qui a à voir avec la classe. Classieux, aurait dit Gainsbourg, et ça se serait parfaitement appliqué. Une grâce intemporelle que McDonald, pour sa part, amène à tout ce qu'il touche de sa voix unique. Là encore, pas de trace de McDonald dans ma discothèque ; il n'empêche que lorsqu'il y rentre en catimini via un duo avec Joni Mitchell ou un refrain sur le Some children d'Holy Ghost!, je ne boude pas mon plaisir. Et c'est peut-être ça que je veux dire ici : qu'un plaisir furtif, un truc que vous aimez bien à la radio, mais que vous ne prendriez pas forcément le temps d'acheter, peut lui aussi aider à dresser le portrait de l'auditeur que vous êtes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire