dimanche 28 juillet 2013

Time bandit

Je serais toujours fasciné de voir quels chemins empruntent la mémoire. Qu'elle soit sélective, soit ; mais comment s'opère la sélection ? Je me suis ainsi vu rappeler des événements de mon adolescence, voire de ma vie d'adulte, que j'avais complètement oublié, tandis que ceux dont je me souviens ont, parfois, été complètement zappés par ceux à qui je les rappelle. Mais bon, revenons à la chanson. Ou plutôt restons sur le sujet en chanson. Car, une de mes interrogations du moment, que je partage avec vous, c'est comment, de l'espèce de disque dur qui me tient de cerveau (mais j'aurais pu dire de nos disques durs qui nous tiennent de cerveau) émergent des chansons que je pensais totalement oubliées ? Bien sûr, j'ai ma petite idée sur la question concernant les deux premiers morceaux que je vais poster aujourd'hui. Mais, pour le troisième... Comme on en est pas encore là, commençons par le premier.
Or, donc, me voici présentement aux States. Avec plein d'anglais (je veux parler de la langue) autour de moi. Ca a son importance. Je serais en France, sans doute aurais-je pensé à un mot en français, suivi d'une ligne en français et finalement une chanson en français. D'ailleurs, même pas la peine d'être en France pour ça, la circonstance joue aussi pour beaucoup. Exemple ce matin, avec une joggeuse que je croise, presque tous les matins. Je la croise tous les matins, donc. Comme l'heure était relativement early (c'est pas pour parler 'ricain que je mets le mot mais simplement parce que je ne trouve pas - et ne vais pas me faire chier à aller le trouver - le contraire de "tardive"), est apparu dans le grand juke box foutraque de ma boîte crânienne, J'la croise tous les matins/Cinq heures quarante..., bluette signée Johnny Hallyday. Aïe. A ce niveau là, je vous l'accorde, c'est plus foutraque qu'il faut dire mais malade ; je rappelle juste aux gens que j'ai bossé dans les locales de Radio France, lourd handicap pour le reste de la vie de votre cerveau. Ceci étant posé, cela me rappelle deux sujets que j'avais déjà abordé : d'abord que ce sont souvent les chansons insupportables qui vous apparaissent en premier, ensuite qu'il y a toujours une chanson pour toutes circonstances. Ce qui nous amène à mon premier sujet. Je pense que le titre de Time Bandits auquel j'ai pensé (sans même savoir - comment s'en souvenir - qu'il était signé Time Bandits !) m'est apparu parce que je cherchais un magasin spécialisé. De spécialisé, vous passez à l'anglais specialized, et de specialized à I'm specialized in you. Hou-Hou, serais-je tenté de rajouter. Et pour ceux qui ne comprendraient pas le rajout, voir ci-dessous.



Pourquoi, mon dieu, ô grand pourquoi ? Oui, c'est vrai, vous n'aviez pas besoin de ça, moi non plus. Je précise à usage des moins de 30 ans que cette nigauderie fut un petit (mais alors tout tout petit) succès en 1982 et demeure, plus de trente ans après, pas une catastrophe à proprement parler mais pas non plus un truc mémorable. D'où le problème de cette foutue mémoire.
Idem pour Living In A Box, un groupe si oubliable, que je l'avais donc oublié, du moins le croyais-je jusqu'à ce que la peur de ne pas trouver un nouvel apart' dans mon nouveau pays me fasse redouter un instant de loger dans un taudis. Ou une boîte. A Box, donc. Car en plus de ne pas être, eux non plus, très mémorables, les Living In A Box avaient eu la pas très bonne idée d'appeler leur single - et unique succès - du nom de leur groupe. Living In A Box, donc, chante Living In A Box. A moins que ce soit le contraire.



De la blue eyed pop millésimée 80 (les synthés, hein...), un peu moins pire que ce qui précède, mais là encore, ce serait resté sous le tas de mes souvenirs musicaux que ça ne m'aurait pas dérangé.
Mais c'est là que tout se complique. Et que tout devient curieux. Comment expliquer le retour de Peter Blegvad à ma conscience. Je veux dire, je ne me souviens même plus de qui est Peter Blegvad, sa nationalité, son album, ce qu'il est devenu et d'ailleurs je m'en tape. Mais en revanche, d'un coup d'un seul, son How beautiful you are a surgi pas devant mes yeux, mais bien dans mes oreilles. Mieux, non seulement j'avais le son de son How beautiful you are (notamment, la façon dont les synthés attaquent juste après qu'il ait dit la phrase titre) mais je me souvenais exactement de son nom : Peter Blegvad, donc.



Evidemment pour parler de tout ça je suis allé chercher le morceau sur Youtube et ai lu, comme je le fais souvent, le commentaire de celui qui l'avait postée. Ca dit ceci : "Awesome early '80s pop rock song. One of the best vinyl singles i ever owned". Et si c'était finalement pour ça que je m'en étais souvenu, parce que c'est une bonne chanson ? Bon, évidemment, c'est en contradiction avec les deux trucs d'avant. Mais on n'est pas, je ne suis pas à une contradiction près.
Ca me rappelle une phrase que j'ai vu en dernière de couverture d'un livre qui m'a fait immédiatement pensé qu'il fallait que j'achète ce livre. Ca me parlait. Je ne l'ai pas regretté puisque le livre, Moyenne de Laurence Kiberlain (la soeur de) est excellent. La phrase, c'est "J'ai l'impression que plus les années passent, plus mon passé se rapproche". Quand surgit devant vous avec précision, le titre d'une chanson et d'un artiste que j'avais laissés où je les avais trouvés (l'année 1983), je vous assure que ça fait sens.

mardi 2 juillet 2013

Formidable

Non, je sais, c'est pas nouveau, je vais avoir l'air d'un suiveur. Un comble puisque c'est cette chanson qui me suit comme elle suit quiconque ces jours-ci dans l'hexagone. Sauf que je n'y suis pas dans l'hexagone et que cette chanson me poursuit encore. Parce qu'elle est, c'est dans le titre, formidable. A vrai dire, la première fois que je l'ai entendue, j'ai cherché qui pouvait bien avoir signé la chanson. Je cherchais des jeunes types respectueux de la chanson française mais cherchant à l'amener sur des territoires moins visitées, façon Babx dont le dernier single, Naomi aime, est excellent même si ce n'est sans doute pas encore cette fois qu'il touchera le jackpot.



Or ce n'est pas de ce côté-ci qu'il fallait chercher mais bien du côté du soleil de ceux qui, précisément, ont touché le jackpot. Stromaé : voilà bien un nom que je pensais synonyme de one-hit-wonder. Mais non. Alors, non, on ne danse pas sur le nouveau Stromaé. Et c'est tant mieux. Non que je déteste encore aujourd'hui réécouter son hit initial, simplement que son nouveau single me touche 10000 fois plus. Le fait qu'il en ait fait un succès me fait dire qu'il y a encore de l'espoir au pays des tubes. Un truc que je me dis une fois tous les ans grosso merdo. C'est peu, c'est rare, finalement c'est comme la chanson : Formidable.