jeudi 19 décembre 2013

Bye bye 2013

Say hello to 2014. Metronomy revient en mars avec un nouvel album. Personnellement, je trouve ça très, comment dirais-je... "choup doup doup ah"?

Charlotte forever

Dans le prochain Lars Von Trier, Charlotte Gainsbourg sera Joe. Pour le film, Charlotte chante Joe. Jo l'aime beaucoup.

mercredi 11 décembre 2013

Je vois rouge

Tant qu'à faire mon retour sur ce blog, autant enfoncer le clou. Avec un remix que j'admire autant qu'il m'insupporte. J'explique : il y a quelques jours, je tombe sur ce remix absolument divin d'un titre d'Ed Sheeran, bougre dont j'ai beaucoup entendu parlé dans la presse spécialisée mais dont le répertoire m'est totalement inconnu. De toutes façons, c'est pas bien grave, vu que c'est CE remix qui m'intéresse et c'est bien plus à son bidouilleur, le Norvégien Kygo, que je dois, à mon avis mon émerveillement. Je tiens à préciser que je ne suis pas le seul à trouver ses doigts de fée puisque le titre I see fire, dans cette version légèrement orientalisée, a atteint la première place des titres les plus prisés sur les blogs musicaux dans le classement Hypem. Et ce qui me fait croire que c'est à lui, bien plus qu'à Ed Sheeran, que je dois cette perle est sa page Soundclound où l'on trouve d'autres petites pépites comme ce remix du Jolene de Dolly Parton, titre dont j'ai déjà ici déclaré ma flamme pour l'original.



Mais alors, me direz-vous, d'où vient mon énervement ? J'y viens. Cherchant à intégrer le titre à ma discothèque, je constate à ma grande satisfaction, que le morceau est en téléchargement gratuit. Ou presque. C'est le "presque" qui m'énerve. Car, pour télécharger ce morceau, il m'en a couté un "Like" sur Facebook. Ce n'est pas la première fois que je tombe sur ce genre de morceau et, souvent jusqu'à présent, j'ai passé mon chemin ; pourquoi "aime"rais-je un artiste alors que c'est précisément ce morceau et pas un autre qui a retenu mon attention ? Pourquoi tout le monde, toutes mes connaissances en tout cas, devraient-elles savoir que j'ai craqué sur tel plaisir, avouable ou inavouable ? Plaisirs qui ne dureront, parfois, que quelques minutes ? Seulement voilà, pour le remix d'Ed Sheeran par Kygo, j'ai craqué. Parce que ça valait bien un Like et même plusieurs. De toutes façons, je m'en fous, je ne suis jamais sur Facebook.

Changement d'ère

Le New Musical Express a publié il y a quelques semaines la liste des 500 meilleurs albums de tous les temps. En sachant d'emblée tout ce que ça peut avoir de dérisoire, le NME affiche en couverture "the final, definitive, definetily last of its kind, never to be repeated" liste des meilleurs disques. Evidemment, ils en sortiront une autre dès l'année prochaine et ce pour une très bonne raison: il se trouvera toujours des abrutis (comme moi) pour acheter ce genre de publication et biens d'autres encore (comme moi) pour les commenter.
Pourquoi j'achète ? La première raison, viscérale, est de vérifier que Hounds of Love, le joyau de la discographie de Kate Bush, s'y trouve bien et, sinon je m'énerve, en bonne place. Je ne me suis pas énervé puisqu'on l'y trouve bien à la 48eme place, ce qui est tout à fait honorable à l'échelle de "tous les temps". On y trouve même plus loin dans le classement The Kick Inside, le premier album de l'Anglaise, que, même fan invétéré, je n'aurais sans doute pas rangé là, lui préférant des œuvres antérieures autrement plus culottées et réussies, même si The Kick Inside emmené par le tube planétaire Wuthering Heights à ouvert la voie à toutes ces "jeunes-filles-romantiques-chantant-leur-passion-voire-leur-sexualité-derrière-un-piano" (cherchez, y en a eu plein depuis 1978). Une sorte de maître étalon en quelque sorte.



Et c'est bien en matière de maître étalon que ce nouveau classement est riche en enseignement. La musique pop rock telle qu'on la concevait jusqu'à présent n'avait qu'un seul maître étalon : les Beatles.  Or, ce ne sont pas les Beatles qui squattent la première place. Certes, avec Revolver, 2ème, et le double blanc, 9ème, les Beatles restent le groupe le plus représenté dans le Top10, voire dans le reste du classement puisqu'on y trouve à des places diverses et variées la quasi intégralité de leur discographie. Mais, même pour eux, pour la perception qu'on a d'eux, les choses ont changé. Sergent Peppers, longtemps considéré comme l'une des pierres angulaires de la musique moderne, n'atteint aujourd'hui que la... 87ème place juste derrière le Grace de Jeff Buckley. Et c'est pour moi lourd de sens.
Quand j'ai commencé à écouter et apprécier la musique, LA référence, c'était les années 60. Mais c'est bien loin pour les kids d'aujourd'hui. Ça ne leur parle plus, ne les inspire plus, ou, du moins, moins. L'avènement des Smiths à la première place de ce classement - car,oui, je ne le cacherais pas plus longtemps si ne vous le savez pas déjà, le meilleur album de tous les temps, pour le NME, c'est The Queen is Dead - nous propulse dans une ère nouvelle, où la référence, ce sont les années 80 et 90 puisqu'on trouve dans les 10 premiers, Doolitle des Pixies et le premier album des Stone Roses (tous deux de 1989), mais aussi Different class de Pulp (1996) ou Definitely Maybe d'Oasis (1994).
Le reste du classement est à vau-l'eau où l'on apprend qu'aujourd'hui, Nirvana, Pj Harvey, Radiohead, ou, plus récents, Arcade Fire ou Arctic Monkeys, "valent mieux" que les meilleurs albums des Rolling Stones, des Beach Boys ou de Marvin Gaye.



Je lisais dernièrement une interview d'Etienne Daho qu'on interrogeait sur l'influence manifeste, voire déclarée, qu'il pouvait avoir sur la jeune scène française. "Je crois" disait-il "au cycle des 20 ans". Et d'expliquer que ses références étaient des Sixties quand les artistes d'aujourd'hui regardent avec nostalgie vers les Eighties. Car qu'on ne s'y trompe pas : tout ça n'est finalement que de la nostalgie. Une peau de chagrin contre laquelle on aime se frotter pour trouver les mots pour chanter son propre blues. 
Mais moi j'y étais, kids, dans les Eighties. Quand on me disait que c'était vraiment de la merde, ce que j'écoutais. Aujourd'hui donc, mon gros étron est étalon. Ça vous laisse de l'espoir quand tout ce que j'entends à la radio me semble bien piteux. Mais bon, on sait bien que tout ne passe plus par la radio et, de toutes façons, qu'est-ce que vous en avez à faire des réflexions d'un vieux con? C'est en tout cas ce que je me disais quand je n'étais qu'un jeune con qui n'écoutait que de la merde. Les temps changent mais on reste tous des cons.

dimanche 28 juillet 2013

Time bandit

Je serais toujours fasciné de voir quels chemins empruntent la mémoire. Qu'elle soit sélective, soit ; mais comment s'opère la sélection ? Je me suis ainsi vu rappeler des événements de mon adolescence, voire de ma vie d'adulte, que j'avais complètement oublié, tandis que ceux dont je me souviens ont, parfois, été complètement zappés par ceux à qui je les rappelle. Mais bon, revenons à la chanson. Ou plutôt restons sur le sujet en chanson. Car, une de mes interrogations du moment, que je partage avec vous, c'est comment, de l'espèce de disque dur qui me tient de cerveau (mais j'aurais pu dire de nos disques durs qui nous tiennent de cerveau) émergent des chansons que je pensais totalement oubliées ? Bien sûr, j'ai ma petite idée sur la question concernant les deux premiers morceaux que je vais poster aujourd'hui. Mais, pour le troisième... Comme on en est pas encore là, commençons par le premier.
Or, donc, me voici présentement aux States. Avec plein d'anglais (je veux parler de la langue) autour de moi. Ca a son importance. Je serais en France, sans doute aurais-je pensé à un mot en français, suivi d'une ligne en français et finalement une chanson en français. D'ailleurs, même pas la peine d'être en France pour ça, la circonstance joue aussi pour beaucoup. Exemple ce matin, avec une joggeuse que je croise, presque tous les matins. Je la croise tous les matins, donc. Comme l'heure était relativement early (c'est pas pour parler 'ricain que je mets le mot mais simplement parce que je ne trouve pas - et ne vais pas me faire chier à aller le trouver - le contraire de "tardive"), est apparu dans le grand juke box foutraque de ma boîte crânienne, J'la croise tous les matins/Cinq heures quarante..., bluette signée Johnny Hallyday. Aïe. A ce niveau là, je vous l'accorde, c'est plus foutraque qu'il faut dire mais malade ; je rappelle juste aux gens que j'ai bossé dans les locales de Radio France, lourd handicap pour le reste de la vie de votre cerveau. Ceci étant posé, cela me rappelle deux sujets que j'avais déjà abordé : d'abord que ce sont souvent les chansons insupportables qui vous apparaissent en premier, ensuite qu'il y a toujours une chanson pour toutes circonstances. Ce qui nous amène à mon premier sujet. Je pense que le titre de Time Bandits auquel j'ai pensé (sans même savoir - comment s'en souvenir - qu'il était signé Time Bandits !) m'est apparu parce que je cherchais un magasin spécialisé. De spécialisé, vous passez à l'anglais specialized, et de specialized à I'm specialized in you. Hou-Hou, serais-je tenté de rajouter. Et pour ceux qui ne comprendraient pas le rajout, voir ci-dessous.



Pourquoi, mon dieu, ô grand pourquoi ? Oui, c'est vrai, vous n'aviez pas besoin de ça, moi non plus. Je précise à usage des moins de 30 ans que cette nigauderie fut un petit (mais alors tout tout petit) succès en 1982 et demeure, plus de trente ans après, pas une catastrophe à proprement parler mais pas non plus un truc mémorable. D'où le problème de cette foutue mémoire.
Idem pour Living In A Box, un groupe si oubliable, que je l'avais donc oublié, du moins le croyais-je jusqu'à ce que la peur de ne pas trouver un nouvel apart' dans mon nouveau pays me fasse redouter un instant de loger dans un taudis. Ou une boîte. A Box, donc. Car en plus de ne pas être, eux non plus, très mémorables, les Living In A Box avaient eu la pas très bonne idée d'appeler leur single - et unique succès - du nom de leur groupe. Living In A Box, donc, chante Living In A Box. A moins que ce soit le contraire.



De la blue eyed pop millésimée 80 (les synthés, hein...), un peu moins pire que ce qui précède, mais là encore, ce serait resté sous le tas de mes souvenirs musicaux que ça ne m'aurait pas dérangé.
Mais c'est là que tout se complique. Et que tout devient curieux. Comment expliquer le retour de Peter Blegvad à ma conscience. Je veux dire, je ne me souviens même plus de qui est Peter Blegvad, sa nationalité, son album, ce qu'il est devenu et d'ailleurs je m'en tape. Mais en revanche, d'un coup d'un seul, son How beautiful you are a surgi pas devant mes yeux, mais bien dans mes oreilles. Mieux, non seulement j'avais le son de son How beautiful you are (notamment, la façon dont les synthés attaquent juste après qu'il ait dit la phrase titre) mais je me souvenais exactement de son nom : Peter Blegvad, donc.



Evidemment pour parler de tout ça je suis allé chercher le morceau sur Youtube et ai lu, comme je le fais souvent, le commentaire de celui qui l'avait postée. Ca dit ceci : "Awesome early '80s pop rock song. One of the best vinyl singles i ever owned". Et si c'était finalement pour ça que je m'en étais souvenu, parce que c'est une bonne chanson ? Bon, évidemment, c'est en contradiction avec les deux trucs d'avant. Mais on n'est pas, je ne suis pas à une contradiction près.
Ca me rappelle une phrase que j'ai vu en dernière de couverture d'un livre qui m'a fait immédiatement pensé qu'il fallait que j'achète ce livre. Ca me parlait. Je ne l'ai pas regretté puisque le livre, Moyenne de Laurence Kiberlain (la soeur de) est excellent. La phrase, c'est "J'ai l'impression que plus les années passent, plus mon passé se rapproche". Quand surgit devant vous avec précision, le titre d'une chanson et d'un artiste que j'avais laissés où je les avais trouvés (l'année 1983), je vous assure que ça fait sens.

mardi 2 juillet 2013

Formidable

Non, je sais, c'est pas nouveau, je vais avoir l'air d'un suiveur. Un comble puisque c'est cette chanson qui me suit comme elle suit quiconque ces jours-ci dans l'hexagone. Sauf que je n'y suis pas dans l'hexagone et que cette chanson me poursuit encore. Parce qu'elle est, c'est dans le titre, formidable. A vrai dire, la première fois que je l'ai entendue, j'ai cherché qui pouvait bien avoir signé la chanson. Je cherchais des jeunes types respectueux de la chanson française mais cherchant à l'amener sur des territoires moins visitées, façon Babx dont le dernier single, Naomi aime, est excellent même si ce n'est sans doute pas encore cette fois qu'il touchera le jackpot.



Or ce n'est pas de ce côté-ci qu'il fallait chercher mais bien du côté du soleil de ceux qui, précisément, ont touché le jackpot. Stromaé : voilà bien un nom que je pensais synonyme de one-hit-wonder. Mais non. Alors, non, on ne danse pas sur le nouveau Stromaé. Et c'est tant mieux. Non que je déteste encore aujourd'hui réécouter son hit initial, simplement que son nouveau single me touche 10000 fois plus. Le fait qu'il en ait fait un succès me fait dire qu'il y a encore de l'espoir au pays des tubes. Un truc que je me dis une fois tous les ans grosso merdo. C'est peu, c'est rare, finalement c'est comme la chanson : Formidable.
 

vendredi 31 mai 2013

Un pas en avant, trois en arrière

Deux semaines que je ne suis pas revenu sur ces pages et j'ai l'impression que mille ans se sont écoulés. Peut-être parce que, printemps oblige, j'accumule en ce moment les albums et autres titres piochés à droite à gauche, voire même pas intégrés à ma discothèque mais qui résonnent encore dans ma tête. La dernière catégorie ne contient qu'un représentant mais ô combien important puisqu'il est clair, d'après moi, que Benjamin Clementine va faire le buzz. Parce que ce jeune black anglais a été découvert dans le métro (ce n'est pas une première mais ça marche toujours - d'ailleurs on a tous, je crois, eu, un jour ou l'autre, une émotion forte au détour d'un couloir de métro, enfin peut-être pas vous, mais moi, oui, mais je vais refermer la parenthèse) et parce que sa chanson dédié à London a quelque chose d'un hymne dépouillé à la ville, qui serait une espèce de version d'outre Atlantique, low cost et cafardeuse car, forcément, plongée dans le brouillard, de ce que l'Empire State of mind de Jay Z et Alicia Keys fut pour New York. Au pire, si sa chanson ne traverse pas la Manche (ce fut le cas, par exemple, du Say it ain't so Joe de Murray Head, standard chez nous et que dalle chez les Grands Bretons), sa scansion bluesy devrait frapper assez d'esprits ici (elle est déjà dans la play-list de France Inter) pour lui assurer des fins de mois définitivement loin des couloirs de la RATP.


Benjamin Clementine - London / Le Carmen from Irudia on Vimeo.

Mais vous savez quoi ? Malgré l'évident talent du bonhomme et la réussite de cette chanson, ça me fatigue déjà. Parce qu'on va l'entendre un demi milliard de fois et qu'à chaque fois, précisément comme je viens de le faire, on nous rappellera qu'il sort du métro, que c'est un conte de fées, etc... Un buzz un peu trop évident. Mais buzz quand même.
Jesse Ware a énormément buzzé l'année dernière avec son premier album. Ca aurait pu me plaire. Sauf que ça l'a pas fait. Or la même Jesse a sorti ces jours-ci à l'occasion de la sortie, je crois, de son disque aux Etats Unis, l'incroyable Imagine it was us, qui est un tube plus-efficace-tu-meurs dont je ne me peux me défaire. De quoi, peut-être, me refaire une opinion sur l'album ou, tout du moins, guetter ses prochaines sorties.



D'autant que Jessie Ware est allé poser sa voix sur la sucrerie soul diablement efficace et totalement ensoleillée de Mayer Hawthorne, Her favorite song, qu'on garde pour les ballades en voiture, décapotée de préférence, cet été avant d'aller à la plage.



J'ai déjà dit ici comme j'aimais la musique africaine quand elle s'associait à d'autres sonorités. C'est précisément ce que j'adore dans le Djon Maya de Victor Démé remixé par Synapson dont vous auriez d'autant plus de tort de vous passer qu'il est téléchargeable à l'heure où j'écris ces lignes.



C'est rigolo parce qu'en le réécoutant à l'instant, y a un petit côté africanisant dans la bluette de l'anglais Bibio qui permet d'avoir un air (qui ne vous quittera plus) pour dire (ou plutôt chanter donc) A tout à l'heure ! (Là encore téléchargeable contre une adresse mail, toujours à l'heure où j'écris ces lignes)



Vu la qualité des deux premiers morceaux que j'ai entendu, j'attends avec impatience Impersonator, l'album des Canadiens de Majical Cloudz. Jugez en par l'atmosphère impressionnante de Bugs dont buzz, là encore téléchargeable à l'heure où...



Amoureux de ces ambiances sombres, ne manquez pas le dernier Tricky, False Idols. Je le dis d'autant plus volontiers que je n'ai pas été très fan de tout ce qu'a fait Tricky après son inaugural et sans doute insurpassable Maxinquaye, maître étalon du trip hop. Or il y a une chanson sur le dernier album qui s'appelle Nothing's changed. Et effectivement, Tricky fait comme si rien n'avait changé depuis son premier album. Perso, vous m'en voyez ravi. Après, j'imagine que plus d'un vont l'accuser de faire du surplace, mais ce re-départ (il vient de changer de maison de disques) est à mon goût très convaincant et, vous me direz merci plus tard, téléchargeable en ce qui concerne le morceau ci-dessous à condition d'une adresse email.



Ca vous a plu, petits morbides que vous êtes ? Alors ce serait dommage de se priver de la reprise la plus déprimante et donc sans doute la plus jouissive du Get lucky des Daft Punk par les anglais de Daughter qui, en l’occurrence, ont du rendre bien jaloux the XX (et oui, c'est encore téléchargeable).



Mais pour ceux qui me reprocheraient déjà mon humeur chagrine, je peux aussi proposer une version du même titre survitaminée, mash up gavée de samples en tous genre (Madonna, Michael Jackson, Chic, Justin Timberlake, Neneh Cherry et même Rick Astley !) réalisée en Grèce par Robin Skouteris et qui, pour ma part, est sur ma play-list de boums cet été (et oui, c'est encore téléchargeable).


Je pensais pas écrire un jour super groove mais bon que voulez-vous que je vous dise de Heartbreaks + Seatbacks de Thundercat à part qu'il a un super groove ? Qu'il a un super vibe ? Mouais... Vous m'aurez compris (album à venir début juillet).



En fait, j'écoute tellement de trucs en ce moment que je télécharge des morceaux juste pour me souvenir (le morceau étant tellement engageant) qu'il ne faut pas que j'oublie de prendre l'album au moment de sa sortie. Sauf qu'évidemment, la faute aux "tellement de trucs que j'écoute en ce moment", j'oublie. C'est à l'instant, par exemple, que je me rends compte que je n'ai pas encore écouté Dormarion, l'album de l'américain Telekinesis, dont je suis, pour le coup, bien incapable de vous parler, alors que je ne me suis toujours pas lassé de son single avant coureur Ghosts and creatures.



Il faut en général se méfier des concepts aussi fumeux que foireux du style deux pianistes de formation classique qui jouent avec un batteur une musique à consonance électronique. Sauf qu'avec Aufgang, ça marche. L'album est très très réussi.



Je pourrais aussi vous dire, mais à quoi bon, que l'album de Vampire Weekend est un super album. Oui, à quoi bon, car si vous ouvrez un journal ces jours-ci, vous y lirez exactement la même chose et, pour moi, à raison. A vrai dire, je n'avais jamais réellement adhéré à la musique de Vampire Weekend jusqu'à présent ; les petites guitares façon l'Afrique du Sud revues par Paul Simon, c'était pas pour moi. Or je me suis pris une sacrée claque avec Diane Young, leur rockabilly revisité (moi, qui pourtant déteste le rockabilly) et m'en suis pris plusieurs autres derrière via donc l'album Modern Vampires of the City, d'ores et déjà l'un des meilleurs de l'année.



Je pourrais aussi vous dire que l'album de Phoenix n'est pas réussi. Mais à quoi bon ? Et là, ce n'est pas parce que vous l'aurez lu quelque part, mais simplement parce qu'il était carrément impossible de trouver un successeur à la hauteur de Wolfgang Amadeus Phoenix. Pourtant l'intention était bonne avec le compas braqué sur le son des eighties, sauf que tout est lourd et pataud. Je ne crois même pas que ce soit une question de composition mais bien plus de production et pour s'en convaincre, il suffit de jeter une oreille au remix par RAC (dont, il est vrai, les remixes sont presque toujours excellents) de Trying to be cool, qui fait enfin de ce morceau, quelque chose, précisément, de cool (et, c'est cool aussi, téléchargeable).



D'ailleurs, pour en terminer sur le chapitre Phoenix, je trouve que la même intention se retrouve sur l'album de Chateau Marmont, The Maze, mais de manière autrement mieux exécutée. A vrai dire, j'ai retrouvé sur cet album, la même ambition (70's et 80's revisités) que sur le dernier Daft Punk et la même réussite aussi, mais en moins flamboyant, en moins m'as-tu-vu. Un peu la version low cost et petit bras (et dont on parlera donc sans doute nettement moins) du Random Access Memories.



Oui, je pourrais vous parler de tout ça. Sauf que j'ai beau m'efforcer à suivre le carnet des tendances de la saison, et d'y trouver parfois de quoi me satisfaire, je finis, à la fin de la journée, par me retrouver sur un blog intitulé Newromanticrules, où rien ne m'a fait plus plaisir que de retomber sur l'album The big heat de Stan Ridgway (j'en entends certains faire "qui !?"), l'ex chanteur de Wall of Voodoo (encore : "Qui !?"), que j'avais tant écouté en 1985, et que j'ai encore en vynile. Il chante encore, Stan Ridgway. Il a fait un album tous les 3, 4 ans depuis The big heat. Et quand on écoute le morceau titre ou Camouflage ou Salesman ou Drive she said, on se demande pourquoi on a arrêté d'écouter Stan Ridgway. On se demande à quoi ça sert d'écouter tout le reste quand on a déjà ça. Ca sert à rien. Juste à faire plaisir.



Allez, levons notre coude à demain, à hier, et à dans deux semaines ou dans mille ans !

mercredi 15 mai 2013

Deux cas dance

La fuite a eu lieu avant hier : le nouveau Daft Punk a fuité sur le Net. Oui, z'allez me dire que ça a un goût de déjà vu, ce post si vous avez déjà lu le dernier. Et vous aurez raison puisque je vais revenir cinq minutes sur les raisons qui me font tant aimer l'album de Little Boots, sur lesquelles je ne me suis, à mon gout, pas assez expliqué. Daft Punk d'abord, puisque les deux, comme je vais m'efforcer de le démontrer, sont étroitement liés, pas seulement, mais en partie à cause de leur sorties concomitantes. Si le nouveau Daft Punk a fuité sur le Net, il n'aura qu'enrayer d'un grain de sable le plan de com' éminemment stratège du duo robotique puisque, quelques heures seulement après la fuite, on pouvait écouter intégralement l'album avant sa sortie officielle la semaine prochaine. Autant dire que c'est comme si on l'avait en même temps que la fuite puisque, comme on l'entend beaucoup ces jours-ci, on ne possède plus réellement de la musique ; on possède le droit d'y avoir accès. Je trouve ça assez triste. Peut-être des réminiscences du temps où j'étais ado et où je rêvais de posséder tel ou tel disque. C'est triste, de toutes façons, si l'on pense en termes d'héritage. Qui va trouver, parcourir votre discothèque, quand, précisément, il n'y en aura plus, ou qu'elle sera la même, globale, pour tout le monde ? D'autant que, ne vous y trompez pas, tout n'est pas accessible sur le Net ; j'ai dans ma discothèque, numérisée s'entend, nombre de morceaux qu'on ne trouve pas en libre écoute ni même à l'achat sur les plateformes du Web. Mais bon, puisque posséder n'est plus d'actualité en matière de musique, mettons simplement que, depuis hier, tout le monde a accès au nouveau Daft Punk.
Un événement avant même de l'avoir écouté. Parce que la campagne de lancement du quatrième album des français, aujourd'hui global superstars, a été pensée jusque dans les moindres détails pour arriver à cette conclusion : c'est un événement. D'ailleurs, l'album affiche d'emblée l'ambition d'être un album qui fera date. Pas seulement en passant en revue (via la série de petits films The collaborators) les prestigieux noms associés à ce nouveau chapitre (Giorgio Moroder, Nile Rodgers, Todd Edwards, Pharell Williams, Panda Bear...), mais aussi, mais surtout, par l'ambition déployée sur chacun des morceaux. Les Daft Punk veulent faire un grand album et vont enchaîner les morceaux de bravoure. Au début, on peut trouver ça facile, voire irritant (l'utilisation du vocoder non stop sur les premiers morceaux) mais force est de constater qu'à la fin, vous vous dites "Ah oui, quand même !". Disons que ça démarre vraiment au troisième morceau, Giorgio by Moroder (très bel hommage au compositeur du même nom en forme de variation réminiscente du thème de Midnight Express, The chase), ce qui n'est pas si mal puisqu'il en reste dix derrière où le rythme ne faiblira pas ou du moins, les morceaux de bravoure donc s'enchaineront tant et tant qu'ils feront oublier les faiblesses du disque. Lose yourself to dance, l'autre morceau chanté par Pharell Williams, est une tuerie funk au beat lourd (à mon avis bien supérieur à l'actuel single) qui promet un nouveau tube. Et à partir du 7ème morceau, juste derrière, Touch, hommage cette fois à Phantom of the Paradise, j'ai eu l'impression à chaque fois qu'il allait s'agir du dernier morceau tant chaque morceau, précisément, veut impressionner. Il y a une progression dans Touch, ajout de cordes, de choeurs, assez céleste et impeccablement et brutalement interrompue, ce qui laisse une sensation très chouette de coïtus interruptus en quelque sorte. Bon, après il y a donc Get lucky, qui, malgré toutes mes réserves, est déjà devenu un classique. Ce n'est pas encore une fois que ce soit un mauvais morceau, c'est juste un morceau de Chic, ce qui, entendons nous bien, est la grande classe. Sauf que, précisément, dans la discographie de Chic, il y a les morceaux de première division et ceux de la seconde, et j'ai tendance à penser (mais peut-être le temps me le fera-t-il apparaître différemment) que Get Lucky fait plutôt partie de la seconde catégorie. Beyond, malgré un début en fanfare (et orcherstre), est plutôt mineur mais sera vite effacé par l'effet majestueux que laisse Motherboard et sa mélodie au clavecin qui semble apparaître depuis l'espace. D'ailleurs, c'est souvent l'impression qu'on a dans le disque : que tout ça a été composée depuis une fusée, que la musique, clairement inspirée des seventies, n'était qu'un écho collecté des années plus tard, depuis l'espace, par des robots en quelque sorte. Fragments of time, ballade écho donc aux Doobie Brothers, est encore un passage mineur mais immédiatement éclipsée là-encore par Doin' it right, qui est une autre tuerie au beat lent sacrément entêtant. Et l'album de se clore sur Contact en forme de bouquet d'artifices. Non, non, grand album, y a pas à dire.
Sauf... Sauf que on sent que tout a été fait pour qu'on en arrive à cette conclusion, façon "attention, les petits gars, vous allez voir ce que vous allez voir" ou "vous avez vu comment qu'on joue bien" : le brio, la virtuosité, la maestria, ce dernier mot me plaisant plus que les deux autres, car sa sonorité m'évoque le mot "montrer". Ou démontrer qu'on est les plus forts. Et qu'on s'inscrit, dans le registre de la musique dance, dans ce qu'il y a de plus fort : le disco des années 70, qui, après avoir été tant décrié à sa création, a gagné, avec le temps ses lettres de noblesse.
C'est précisément ce que n'ont pas encore gagné d'autres morceaux de la musique dance. Des morceaux ultérieurs, qui partagent avec leurs illustres prédécesseurs, la même légèreté, la même instantanéité, la même insouciance, la même facilité. Autant de qualités qu'on peut qualifier de faiblesses à moins... A moins que le temps soit passé. Or c'est précisément à ces classiques en devenir que se réfère Little Boots. Des trucs que j'avais qualifiés ici même de "trucs aussi totalement inconséquents que totalement indispensables". Un peu vite sans doute puisque m'y voilà revenu. Car si j'ai donné quelques clés, je me rends compte que la plupart ne s'y trouvent pas vraiment. Alors voici quelques exemples de ces "trucs" dans la lignée desquels s'inscrivent les morceaux de Little Boots. Prenons les morceaux dans l'ordre : Motorway, l'ouverture, me fait penser à It's a fine day d'Opus III



Me fait pense par exemple aurais-je du préciser. Car, oui, ce n'est pas une référence directe mais c'est ce "genre" de morceau. Ce qui me fait d'ailleurs changer carrément mon fusil d'épaule et plutôt que d'évoquer les morceaux un par un, passons en revue les fantômes que j'ai vu passer à un moment ou l'autre de ce disque. Soit donc le People hold on de Coldcut qui avait révélé Lisa Stansfield.



Sophie Ellis Bextor du temps de sa gloire, soit le temps de son single phare, Murder on the dancefloor. 



Eight Wonder, tube écrit par des Pet Shop Boys au sommet de leur forme, pour la starlette Patsy Kensit.



Olive, dont vous ne vous souvenez sans doute pas le nom, pensant sans doute à l'huile, ricanants que vous êtes, alors que vous avez sans doute conservé en mémoire leur You're not alone, qui, au passage, fait partie d'un album sublime que j'ai usé jusqu'à la corde.



Le Don't stop moving de Livin Joy auquel j'aurais tout aussi bien pu préférer son frère jumeau et aussi gros tube, Dreamer.



Des moins connus aussi - en tout cas, en France - comme le Chewing gum d'Annie.



Et puis tiens encore, le Week-end de Michael Gray.



Encore que pour ce dernier, pour tout vous dire, j'ai beaucoup hésité me disant que ça ne venait pas franchement appuyer ma démonstration. Ben oui, vous avez sans doute constaté que tous les autres morceaux sont des morceaux signés par des filles. Mais bon, la chanson est chanté par des filles et la vidéo est pleine de filles se trémoussant, illustrant à la perfection mon concept de "chansons de pouf" ici démontré et dans lequel j'avais posté le fabuleux Dove de Moony que j'aurais aussi pu évoquer ici. Et les filles, c'est pas à se la jouer gros bras, histoire précisément de voir qui a la plus grosse. Et pendant que les garçons expertiseront pendant des heures les qualités et défauts du dernier Daft Punk, jugeront de tel riff de guitares ou tel filtre sur cette partie de synthé, les filles iront danser. Et m'est avis qu'elles iront plutôt danser sur ce genre de titres. Alors évidemment, si vous êtes arrivés jusque là, plus consterné à chaque fois que vous appuyiez sur PLAY sur les vidéos que j'ai posté, pensant "Mais qu'est-ce que c'est que cette daube?!" (et il y en aura), inutile d'aller jeter une oreille à l'album de Little Boots. Allez vous prendre la tête sur le Daft Punk. Aux autres à qui ces morceaux ont envoyé des vagues dans le corps si puissantes que vous n'avez pu vous empêcher de taper du pied, voire de vous lever, hystérique, oubliant l'écran le temps de vous improviser John Travolta de salon, vous reprendrez bien un peu de Little Boots ? Et tant qu'à faire, je le répète, prenez l'album.

mardi 7 mai 2013

Ca sent l'été

"Ca sent l'été" : voilà comment désannonçait une animatrice d'Europe 1 à l'issue de la diffusion du nouveau titre de Daft Punk. Comme si, à l'approche des beaux jours, nous n'avions tous plus qu'une seule envie : bouger notre corps. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, s'abandonner à la danse, et par là même, abandonner, un temps, nos soucis et l'hiver. J'ai d'autant plus reçu le message cinq sur cinq, que, moi même, depuis quelques jours, me gave d'albums qui font, au moins, taper du pied, au mieux, sauter en l'air de tous côtés. Mais s'il en est de très agréables, il en est un qui m'a collé une baffe à laquelle je ne m'attendais absolument pas.
Prenons les agréables d'abord : Hypnolove est un trio toulousain d'électro, semble-t-il très apprécié lors des derniers défilés de mode à Paris (hype, baby, hype), qui vient de sortir son premier album, un peu faiblard sur la fin, mais dont les six premiers morceaux (et c'est déjà beaucoup) valent largement le coup et qui, pour le coup, est totalement dans le sujet avec son Holiday reverie.



!!! (prononcez chk chk chk, enfin si vous y arrivez) est un groupe américain qui en est à son énième album mais je trouve celui-ci particulièrement intéressant dans son aptitude à nous faire bouger, ambition clairement affiché dans le titre de l'album, clin d'oeil à Michael Jackson, et dorénavant l'un des meilleurs titres de l'année : Thr!!!er dont est extrait le One girl / One boy ci-dessous.



Toujours outre atlantique, le duo Classixx vient de pondre avec Hanging gardens un album de house assez classieuse avec plein de références aux années 80 (le morceau titre, par exemple, boucle de manière somptueuse l'intro du Seven wonders de Fleetwood Mac) où, là encore, on peut piocher de quoi danser all night long comme avec Holding on.



Mais si tous ces albums sont éminemment recommandables (et d'ailleurs, donc, recommandés), rien ne me préparait à ce qui suit: soit donc un album que j'avais téléchargé comme ça, un peu par hasard, parce que j'avais lu quelque part, sans doute, le nom de son auteur : Little Boots. Depuis, j'ai évidemment cherché pourquoi ce nom me disait quelque chose ; en 2009, la dénommée Little Boots a gagné le prestigieux titre Sound of 2009 remis par les auditeurs de la BBC aux artistes les plus prometteurs, devançant dans le classement, cette année-là, Florence + the Machine, LaRoux, Lady Gaga ou Empire of the Sun. Est-ce parce que trop d'espoirs reposaient sur les frêles épaules de cette demoiselle, toujours est-il qu'elle fit, au final, beaucoup moins de bruit que ses compétiteurs. Et si le Sound of 2009 était en fait celui de 2013 ? Du moins pas tout à fait : j'ai aussi été écouté ce qu'avait fait Little Boots il y a quatre ans (vous vous souviendrez peut-être de New in town) et, comment dire, euh, c'est... bof. De la pop assez insipide, passe partout, à ne pas comprendre pourquoi on avait tant misé sur Little Boots. Or, voici comment la chose se passa : j'enclenchais le mode lecture sur Nocturnes, le nouvel album tout en faisant le ménage à la maison. Autant dire en musique de fond. Mais la musique est venue me chercher, de titres en titres, petit à petit. Hésitant au début (c'est vraiment bien ou c'est juste qu'il fait beau ?), je rendais définitivement les armes au cinquième morceau, l'instant classic Beat Beat. Beat Beat est, à mon avis, exactement le type de morceau que cherchait à créer Daft Punk avec Get Lucky, soit non pas un morceau qui regorge de sample de ces vieux tubes disco et funk qui nous ont tant fait danser, mais le vieux tube disco funk lui même, comme si, après avoir écrit tant de morceaux à partir de samples, Daft Punk cherchait maintenant à écrire un morceau fait pour être samplé (on ne compte d'ailleurs déjà plus le nombre de musiciens amateurs ayant samplé la petite guitare funky du Get lucky). Mais le Beat beat de Little Boots est un chouia supérieur au Get lucky, en ce sens qu'il réveille toute une série de vieux classiques auxquels il s'apparente immédiatement comme le To be real de Cheryl Lynn.



D'ailleurs, c'est la principale qualité de l'album de Little Boots : convoquer le meilleur des musiques de dance (ça s'appelle pas Nocturnes pour rien), des trucs aussi totalement inconséquents que totalement indispensables allant de Kylie Minogue à Crystal Waters, en passant par Madonna, Robyn ou St Etienne, le meilleur de la musique de pouf déjà évoquée ici, mêlant funk, disco, house, trance, avec la boule à facette comme seul cap, servi par le Who's who de la dance music (aller cliquer sur chacun des co-compositeurs de son album sur la page Wikipedia de l'album et vous verrez qu'il y a de quoi être impressionné) mais avec une vraie cohérence. Il faut dire que l'album est produit par une seule et même personne, Tim Goldsworthy, une pointure, et que Little Boots a, ces dernières années, beaucoup fait le DJ et ça se sent : les morceaux s'enchaînent impeccablement du début à la fin. Je peux comprendre que tout le monde ne soit pas sensible au truc (j'ai déjà lu de très mauvaises critiques), la voix un rien gnangnan, des gimmicks qu'on peut trouver simples, des beats déjà entendus... Autant de trucs que je me suis d'abord dits, mais à un moment faut savoir dire stop, céder au charme de sa voix sucrée, crier à tue-tête les "la-la-la-la" de Confusion et autres "Everybody shake / Till your heart break" de Shake, constater comme ces beats sont extrêmement judicieusement choisis. Alors vous tiendrez l'un des meilleurs disques pop de l'année ; c'est pas moi qui le dit mais le très respectable The Guardian. Le seul souci, c'est comment j'illustre ça parce que, vous l'aurez compris, c'est l'album qui vous cueillera. Alors voilà ce qu'on va faire, on va mettre Every night I say a prayer ci-dessous, et on va espérer (prier conviendra mieux à l'esprit de la chanson) que les "Oh oh Oh" de la chanson vous guideront vers le plaisir purement hédoniste de l'album, ou, mieux, que vous vous dirigiez directement vers l'écoute de l'album dans son intégralité sans passer par la case vidéo. Vous n'y gagnerez peut-être pas 20000 francs, mais l'assurance d'un très bon moment, comme la promesse d'un bel été.

samedi 4 mai 2013

Cour de récré

Depuis quelques jours, j'ai le même air qui me trotte dans la tête. J'ai beau avoir écouté, comme d'hab, un demi milliard de nouveautés, il n'y a que celle-ci qui se retienne aux parois de ma mémoire. Ca sentirait le tube que ça m'étonnerait pas. Il faut dire que la chose en question que je réserve pour la fin est chantée par des enfants. On peut fuir, ce que je comprendrais vu la pelote de nerfs que moi-même je deviens quand j'entends la bande originale des Choristes (sauf quand c'est chanté, en français soit disant, par Beyoncé où, là, ça devient drôle), mais on peut aussi se souvenir que Justice en a fait le gimmick principal de son D.A.N.C.E. comme le firent les biennommés Keedz et leur Stand on the word.



Ce qui est cool ici, c'est qu'ils ont l'air de s'amuser, les kids, et c'est précisément ça, me semble-t-il, qu'ils apportent en plus de leur innocence : un sens de la fête, de la musique comme un jeu. A ce petit jeu, précisément, j'avais beaucoup aimé l'utilisation faite des voix d'enfants par Ryan Gosling. Oui, le beau Ryan Gosling, celui là même, qui, durant ses années sur la chaîne de Mickey, montra ce qu'il peut y avoir de pire en matière d'utilisation des enfants, sut se racheter via le groupe Dead Man's Bones, qui n'a publié, à ce jour, qu'un seul album, la carrière du beau gosse semblant, c'est fort dommage, mettre un frein sur la carrière du pourtant prometteur musicien. Même un truc aussi lugubre, sur le papier, que My body's a zombie for you se révèle, du coup, un joyeux refrain.



Tout l'album de Dead Man's Bones, comme l'indiquait la pochette, était en collaboration avec le choeur d'enfants du conservatoire de Silverlake. Or c'est précisément ce même choeur qu'on retrouve sur mon coup de choeur du moment. Il est du à Mr Little Jeans, qui, comme son nom ne l'indique absolument pas, est une Norvégienne originaire des îles Fidji, qui s'était fait connaître il y a deux ans de toute la blogosphère via une reprise très décalée et très synthétique de The Suburbs d'Arcade Fire. Je parierais bien ma chemise que Oh Sailor, qui a déjà enflammé la toile, dépasse sous peu très largement les frontières du Web pour se retrouver dans tous les classements de vente de singles, d'autant que la demoiselle, en plus d'être talentueuse, est particulièrement jolie (oui, c'est vrai, la vie est injuste). En attendant ce jour où Oh sailor finira par me casser les oreilles, je célèbre, aujourd'hui, ce jour où donc ce truc, et c'est heureux, ne veut pas me sortir de l'oreille.

jeudi 25 avril 2013

All things go by

Dans le toujours passionnant Q Magazine du mois d'avril, il y a un papier sur les Beatles dont on fête cette année les 50 ans d'existence. Jamais avant eux et plus jamais après eux, explique le magazine, des artistes auront une trajectoire similaire. Tout simplement parce que les Beatles allaient s'engager sur des voies parfaitement inexplorées jusqu'alors et dans lesquelles allèrent s'engouffrer toutes les générations de musiciens à venir. Il n'y a qu'à écouter leurs premiers singles et les comparer aux chansons des derniers albums pour mesurer le chemin parcouru. Or si le chemin est long en terme de qualité, il est très court en terme de temps : 1963 pour le premier album, 1970 pour le dernier, soit huit années d'existence pour laisser une empreinte indélébile sur l'histoire de la pop music. Leur secret, outre leur génie, est d'avoir répondu aux exigences de leur temps qui faisait qu'on sortait au moins un album par an. Dans leur cas, musiques de films incluses, il y en eut 12 ! Ca rejoint un autre article que j'avais lu dans Q Magazine, déjà évoqué ici, et dans lequel un manager juré célèbre d'un télécrochet anglais, disait que sa devise pour continuer à profiter du succès était "work the room". Soit, grosso merdo, être là, savoir se montrer présent. Interrogé sur la volonté d'une Adèle de faire un break le temps d'avoir son bébé, il répondait "Bullshit, qu'elle ait son bébé et qu'elle se remette au travail". Le travail en continu profite-t-il à la création ? Profite-t-il au business ? Profite-t-il tout court ? Pour reprendre deux artistes que je porte ou ai porté aux firmaments, la réponse est contrastée. Kate Bush a commencé en jouant la règle du jeu puisqu'elle a sorti deux albums en 78, une tournée et un mini live, en 1979, et un nouvel album en 1980. Mais à partir du moment où elle a elle même produit ses disques, en 1982, le temps s'est mis à s'allonger entre chacune de ses livraisons : 3 ans, 4 ans, puis finalement 12 ans (!). Mais c'est précisément dans ce ralentissement du temps qu'elle a pondu ses meilleurs albums. Jean-Louis Murat a lui aussi signé les meilleurs albums de sa carrière (à mon goût toujours, mais je ne vais pas le préciser à chaque fois, hein) au début de celle ci, quand il observait un laps de temps de 2 à 3 ans entre ses albums, alors que depuis le début du nouveau millénaire, la qualité de ses livraisons décroit au fur et à mesure que la cadence de sortie s'accélère (1 à 2 albums l'an). Dans les deux cas donc, même si cela n'arrive pas aux mêmes moments de leurs carrières respectives, plus ces artistes ont pris leurs temps, plus ils ont su livrer de la bonne came. Sans doute parce que tout le monde n'est pas les Beatles. Qu'un temps de maturation est nécessaire pour savoir séparer le bon grain de l'ivraie. Mais ne passe-t-on pas pour autant à côté de certaines choses ? Par exemple, toujours chez les gens que j'aime bien, il y avait eu trois ans entre Steve McQueen et From Langley Park to Memphis, album de 85 et 88 de Prefab Sprout. Or, on était passé d'un petit groupe fragile et délicat à une machine de guerre pop prête à conquérir les States. Que s'était-il passé entre les deux ? La réponse arriva en 1989 sous la forme de Protest songs, soit l'album que Prefab Sprout enregistra juste après Steve McQueen, en 1985, mais qui, précisément parce que son esprit fut jugé trop proche de ce dernier album, fut mis de côté et d'autres directions envisagées qui conduisirent à From Langley Park to Memphis. Bref, Protest songs, s'il n'est pas un album indispensable, est indispensable pour comprendre la carrière du groupe. De la même manière, ce n'est qu'en 2009 que parvint jusqu'à nous, Let's change the world with music qui aurait du être, en 1993, le successeur de Jordan : the comeback paru en 1990. Au lieu de quoi, il fallut attendre 1997 pour que Prefab Sprout délivre Andromeda heights. Plus encore que Protest songs, Let's change the world with music est un merveilleux album qui ne doit sa sortie qu'au fait que Paddy McAloon, après avoir failli perdre la vue en 2003, se soit mis à souffrir d'acouphènes terribles qui l'empêchent, depuis, de pratiquer convenablement de la musique. Son manager, pour lui venir en aide financièrement, lui proposa de sortir ce lost album. Et je peux lui dire merci tant je raffole de cet album ; même dans cette état embryonnaire de maquette, on devine très bien, si on connait le groupe, le monument qu'aurait pu devenir, par exemple, God watch over you.



Mais que ce soient Kate Bush, Jean-Louis Murat ou Prefab Sprout, le facteur temporel n'est pas le premier vecteur par lequel appréhender leur oeuvre. Par cette phrase pompeuse, je veux dire par là que, plus que marquer une année plutôt qu'une autre, leurs albums marquent plutôt tel stade dans leur carrière. Les albums des Beatles, même considérés "intemporels", replonge leurs auditeurs dans l'époque des sixties. Même s'ils ne l'ont pas vécu, cette musique est, pour n'importe quel auditeur, synonyme de cette époque.
Pourquoi j'écris tout ça ? Parce qu'il me semble qu'il faut tacher de discerner un bon morceau, un morceau sans lequel on ne peut pas vivre, qui nous apporte seulement sa beauté, d'un morceau qui nous ramène à une époque. Ce qui n'est pas spécialement facile puisque les morceaux de la dernière catégorie, en ramenant des souvenirs, peuvent procurer autant de plaisir que ceux de la première catégorie, voire plus si vous êtes, un tant soit peu, comme moi, nostalgique. Et il y a des artistes d'époque. J'avais écrit ici que je reviendrais sur les Eurythmics et la façon qu'ils ont, pour moi, de représenter, d'incarner les années 80. Or l'occasion se présente puisque, pour une raison ou une autre, je suis retombé l'autre jour sur une face B des Eurythmics (celle de There must be an angel) sortie en 1985 : Grown up girls. N'importe quel groupe n'aurait pas oublié cette chanson en face B ; ils l'auraient mis sur l'album et en auraient peut-être fait un single. Mais en 1985, Eurythmics étaient les rois du monde, leur créativité à son maximum et ils pouvaient tout se permettre.



Mais reprenons les choses dans l'ordre, chronologique s'entend. Quand Annie Lennox et Dave Stewart sortent le premier album de Eurythmics (mieux vaut éviter leur première expérience au sein des Tourists dont la vague heure de gloire fut une reprise du I only want to be with you de Dusty Springfield), les années 80 sont naissantes. Après la vague punk qui a fait tout exploser à la fin des années 70, on explore toutes les directions sans savoir véritablement où l'on va. En cela, In the garden est exemplaire, qui mélange, nous apprend Wikipedia, des influences krautrock, psychedelic, electropop. M'est avis qu'on peut rajouter un peu de tout dans la sauce. Ca donne un album pas désagréable (c'est même un de ceux que j'aime beaucoup réécouter) mais à la ligne pour le moins aussi floue que sa pochette (qu'on peut voir dans la "vidéo" ci-dessous). C'est un album que je ne découvrirais que deux ans après sa sortie. A l'époque, je me cherche aussi, musicalement, et n'ai pas encore trouvé Eurythmics auquel cas j'aurais sans doute déjà apprécié Take me to your heart.



En 1983, en revanche, je suis l'un des premiers à m'ébahir devant Sweet dreams. Comme tout le monde, vous me direz. Sauf que non : c'est fin 1982, dans Rockline, un des magazines des Enfants du rock, et plus exactement le magazine consacré à la new wave présenté par Bernard Lenoir - autant dire un moment de jouissance absolu pour moi à l'époque, que je découvre pour la première fois Annie Lennox à l'arrière d'une limousine ; si Love is a stranger est un flop, il est immédiatement pour moi un choc. J'allais acheter le maxi, et sa rythmique martiale allait en quelque sorte donner le la de la ligne musicale qu'allait désormais défendre mon émission de radio, soit un truc totalement dans son époque : la pop synthétique. J'imagine qu'en plus, cette fille qui pratique la confusion des genres et le retirage de perruques ad hoc a du on ne peut plus troubler le garçon que j'étais et qui se cherchait lui aussi (mais sans perruque).



Evidemment, après ce choc initial, j'allais attendre fébrilement l'album donc, Sweet dreams, qui sortit quelques mois plus tard avec le succès que l'on sait. Clairement ces sons synthétiques allaient marquer cette époque comme le confirme l'autre album des Eurythmics, sorti cette même année 1983, Touch, même si ce dernier se permet des incursions dans les cuivres (Right by your side) ou les cordes, comme dans Here comes the rain again.



Je n'ai évidemment pas choisi ce titre au hasard ; je veux dire, il y a plein de titres géniaux sur Touch et sans doute encore plus sur Sweet dreams. Et c'est bien pour ça que les Eurythmics sont super importants dans mon parcours et dans MES années 80. Parce que non seulement ils allaient caractériser mes goûts, la programmation de mes émissions, la décoration des murs de ma chambre, mais tout cela allait être légitimer par leur succès, Here comes the rain again, étant sans doute celui qui sera le plus important après Sweet dreams et avant le dernier Scud du même type qu'ils balanceront l'année suivante avec Sexcrime, un tube si énorme qu'il éclipsa totalement le vrai-faux album de la fausse vraie musique originale du film 1984 (la musique était sensée être pour le film mais elle fut finalement remplacée par un producteur ou réalisateur mal inspiré). C'est dommage parce que cet album compte nombre de petites perles à redécouvrir comme For the love of Big Brother



C'est rigolo parce que je me rappelle très bien de l'accueil réservé à cet album à l'époque de sa sortie : pas très bon, c'est le moins qu'on puisse dire. Et là encore on colle à la problématique de tous les groupes electropop (à l'époque, on disait synthpop, et c'était un peu comme un gros mot sous la plume de certains journalistes) : ces groupes, qu'ils s'appellent Eurythmics, Depeche Mode, Yazoo, Soft Cell, Blancmange, j'en passe et de très nombreux autres, avaient beau avoir conquis le monde, on les jaugeait toujours en tant que sous groupe, sous artiste, sous musique. Ces gens là ne pouvaient pas être de bons musiciens puisqu'ils utilisaient les synthés et les synthés, c'est bien connu, ça fait de la musique tout seul... Bref, devant tant de mauvaise foi de journalistes qui, pour la plupart, ne voulaient pas tourner la page du rock'n'roll BCBG (Basse Chant Batterie Guitares), sans doute parce que tourner cette page, c'était vieillir un peu, il fallait frapper un grand coup, et battre l'ennemi sur son propre terrain. En 1985, Eurythmics sortait ce qui fut considéré (et l'est toujours aujourd'hui) comme son meilleur album, Be yourself tonight, toutes guitares dehors via notamment le premier single qui rugit dès l'intro Would I lie to you.



C'est donc à cette époque que Eurythmics deviennent les rois du monde. Quand on réécoute l'album, on comprend pourquoi : les sept premiers titres de l'album sont des tueries (je suis un peu moins convaincu par les deux derniers). Or, on est en 1985, l'année de mes seize ans dont j'ai déjà parlé ici. Pour moi, c'est l'année la plus riche des années 80, avec un paquet d'albums merveilleux. Comme je l'ai déjà écrit toutefois, je ne sais pas s'il s'agit d'un regard objectif ou subjectif, puisque, précisément, j'ai seize ans, qui est un age où l'on se sent sans doute un peu aussi comme le roi du monde. Mais c'est ainsi : 1985, grand millésime. Et retour donc à des structures plus classiques où la guitare est l'élément central. Les Eurythmics pousseront d'ailleurs le bouchon un peu plus loin l'année suivante avec Revenge, leur album le plus rock'n'roll, parfait pour la scène (c'est à ce moment là que je les vois, Annie d'abord en long trench de  cuir noir, avant de débarquer en soutien gorge tout de cuir itou mais rouge cette fois) mais qui, des années plus tard, ne me laisse pas grand chose ; de tous leurs albums, c'est le seul dont je ne n'ai numérisé aucune chanson. Là encore, c'est assez cohérent avec ma vision de l'année 1986 qui succédant à une année de rêve, ne pouvait qu'être une année de désillusion. Il faut attendre l'année suivante pour que la musique retrouve des couleurs, au moment où Eurythmics n'a plus rien à prouver et peut donc faire la synthèse de toutes ses influences. C'est l'album Savage qui reste pour moi, avec Sweet dreams, le meilleur album de Eurythmics. Il n'y a rien à jeter et même des morceaux que je trouvais pas évidents à l'époque m'apparaissent dans toute leur pertinence aujourd'hui comme le premier single (et l'incroyable vidéo) Beethoven (I love to listen to).



Alors il n'était plus question de juger les synthés. D'ailleurs c'était l'année où apparut "officiellement" la House music, Acid House pour être précis (via notamment le Pump up the volume de Maars), musique, pour le coup, où les synthés, où les machines étaient reines. Tout cela ouvrait le chemin de la décennie à venir. Alors que restait-il à faire musicalement ? Plus grand chose. Et c'est d'ailleurs ce que firent les Euryhtmics avec l'ironiquement titré Wee too are one, qui annonçait précisément leur séparation, alors même que se terminaient les années 80, en 1989. Allez, on va sauver Don't ask me why du désastre.



Les Eurythmics n'avaient plus rien à dire. Les années 80 n'avaient plus rien à dire. Don't ask me why... Il se trouve que l'année 1989 fut celle de mes vingt ans. J'ai toujours aimé la notion anglosaxonne de teenager, soit les années entre 13 et 19 ans. Mon adolescence est morte avec les années 80. 1989 est également la dernière année que j'ai passé chez ma mère. Et voilà à quoi me ramènent toutes ces années : à un temps où je vivais auprès d'elle, où elle vivait auprès de moi. Où elle vivait, tout simplement. Mais évoquer des souvenirs ne fait pas revivre le temps passé, il en donne juste l'impression. Des impressions délectables, mais aussi fugaces que le temps d'une chanson. Et c'est pour cela qu'un groupe comme Eurythmics est parfait : parce que leur oeuvre est la chronique de ces années là. Leur vie (je veux parler de celle d'un groupe, d'un artiste, bien souvent beaucoup plus courte que celle d'un être humain) a illustré ces années là et ils ont bien fait d'en profiter pour sortir presque un album tous les ans, comme on marquerait les pages d'un journal intime.
En débutant ce blog, je pensais moi aussi faire la chronique du temps présent quand, en fait, je dressais la chronique de jours passés, comme s'il suffisait de les évoquer pour les ressusciter. Mais rien ne revit. Même pas le souvenir : le souvenir vit au présent, en ce sens qu'il est ce qu'il nous reste du passé, et non pas le passé lui même si vous voyez ce que je veux dire. C'est d'en prendre conscience, sans doute, qui fait que le besoin d'écrire, ce blog en tout cas, m'ait un peu passé. Je n'y mets pas un point final mais sais désormais qu'il prendra d'autres formes, d'autres temps, d'autres mots. Un peu comme la fin d'un cycle qui coïncide (mais ce n'est sans doute pas une coïncidence) avec un moment où je suis en passe de me réinventer professionnellement et géographiquement. J'avais envie de terminer tout ça par une chanson du premier album d'Annie Lennox, Diva, paru en 1992 et qui reste pour moi, le véritable dernier album de Eurythmics, un album où l'on se quitte sur de bons souvenirs car tout, pour moi, est parfait sur l'album Diva. Ayant déjà posté par le passé The Gift, qui demeure à mes yeux et surtout mes oreilles, le meilleur morceau de l'album, je passais en revue les autres morceaux puis choisis finalement Primitive. Comme ça sonne un peu comme un morceau d'adieu (même si, je le répète, ceci n'est pas un point final), j'avais envie de savoir ce que disait ce morceau. Et comme souvent le sentiment que m'inspirait la chanson s'avère concordant avec mon propos, une illustration supplémentaire, s'il en fallait encore une, du pourquoi j'aime la musique, de ce que je ressens de la musique, de tout ce que j'ai essayé de mettre dans ces pages. Lennox y chante "For time will catch us in both hands /To blow away like grains of sand /Ashes to ashes rust to dust/ This is what becomes of us / Sweetheart /Send me to sleep /Pray to God our hopes to keep / Take our fears and make us strong/ Lead us to where we belong / And let it all go by / All go by...".

dimanche 14 avril 2013

The sun is shining

J'avais prévu d'écrire un truc super long où j'aurais expliqué, par exemple, pourquoi ça a été super long avant que je réécrive quelques lignes. Mais voilà, il fait beau. Du vrai beau. Ce truc énorme qui ne m'était pas arrivé depuis au moins six mois en France. Or, tout le monde le sait, on n'a pas encore inventé l'ordinateur facile d'utilisation à l'extérieur. Ou alors faut se mettre à l'ombre pour pouvoir lire l'écran. Mais puisque je vous dis que c'est le soleil qui m'appelle. Je remets à plus tard toute velléité d'écriture. It's a lovely day / And the sun is shining (Blaze-1997)

lundi 1 avril 2013

Vous reprendrez bien un peu de fromage

J'ai vu il y a quelques jours un épisode de la série Glee intitulé Guilty pleasures, soit plaisirs coupables, qu'on qualifie aussi ici de péchés mignons. Et je m'étonne de n'avoir pas fait plus tôt un post sur ce sujet tant ces plaisirs coupables définissent aussi grandement l'auditeur que nous sommes. Mais bon, tout est dans le nom, plaisirs coupables, et j'imagine que, tels les héros de Glee, il est plus facile d'avouer ses "bons goûts" que ses mauvais. Or, dans cet épisode de Glee, le premier aveu de plaisir coupable portait sur le groupe Wham! Le point d'exclamation, je dois le préciser tout de suite, n'a rien à voir avec la surprise, un "Oh mon Dieu !" ou "Non, mais vous imaginez"! Non, Wham!, comme je viens à nouveau de l'écrire, s'écrit bien avec un point d'exclamation à la fin. Wham!, avant d'être le nom du groupe de George Michael, est une interjection comme vous allez très vite, si ce n'était pas encore fait, vous en rendre compte. Car, si dans Glee, on parlait de Wham! pour Wake me up before you go-go, que je trouve proprement imbitable, il se trouve que quelques jours avant le visionnage de la série, par un curieux hasard de circonstances (mais le hasard en est-il vraiment un), je me retrouvais moi-même devant une vidéo de Wham! sur Youtube. Avant que l'on ne m'accuse, monsieur le président, j'aimerais expliquer pour ma défense que c'est Youtube avec ses propositions, vous savez ces trucs que l'on trouve à droite ou en bas de la vidéo pour laquelle vous étiez là à l'origine, qui m'a mené là. Youtube ayant remarqué que je cherchais souvent des choses des années 80, il m'ont proposé Wham! Je me souviens avoir vraiment découvert Wham! à leur début et même d'avoir programmé en radio ce Wham rap! (Enjoy what you do). Et du coup, j'avais envie de savoir ce qui m'avait plu là-dedans, voire qui pourrait encore me plaire. Or j'apprécie encore le son très funky de l'ensemble mais je sais bien, et c'est là que c'est indéfendable et donc, votre honneur, coupable, que l'ensemble, précisément est quand même plutôt pas bon : ce rap de petit blanc garçon coiffeur qui veut faire croire qu'il serait un bad boy juste parce qu'il met un blouson noir, ah! ah! ah! Côté humour, je conseille d'ailleurs les premières paroles de cette chanson : "Hey everybody / Take a look at me / I've got street credibility". Euh, comment te dire George ? Ceci étant dit, bien bourré, je pense toutefois que je pourrais encore être un des premiers sur le dancefloor à faire le playback du refrain : "Wham! (d'où le nom donc)/ Bam! /I am /The man!"



Rassurons tout de suite ceux qui s'inquièteraient : je n'ai pas le Wham! Rap dans ma discothèque. Mais vous avez des raisons de vous inquiéter dans la mesure où ce n'est pas la première fois que Wham! est l'objet d'un de mes plaisirs coupables. Deux ans plus tard, George Michael qui au moins avait compris qu'il n'était pas un rapper récidivait au sein du groupe avec une bluette synthétique tout aussi indéfendable et non moins, en ce qui me concerne, indéfectible : Everything she wants. Et oui, votre honneur, j'ai Everything she wants dans ma discothèque. Je dirais même plus : j'ai Everything she wants dans ma discothèque! Wham! Bam!



Ca y est, je l'ai dit. Dans l'épisode de Glee, il s'agissait d'ailleurs de faire son coming out de plaisir coupable. Et c'est un peu ça quand on y songe. Et le pire, ou le mieux, c'est quand la personne à qui vous racontez ça a exactement le même pêché mignon. Comme si un mauvais goût en point commun vous rapprochait plus d'une personne que le "bon goût". Dans les pays anglosaxons, on dirait de ces deux titres que c'est du cheese, ce que je trouve plus approprié que notre trop réducteur : "c'est de la merde". Car le fromage, ça sent pas bon, ça fait grossir, mais quand même, au final, un bon calendos. Et quelle association avec le vin, ce que j'ai déjà démontré en rappelant que, bien bourré, on était les premiers à se précipiter sur du cheese. Il y a quelques temps de ça dans l'excellent Q Magazine, je lisais l'interview d'un type que je ne connaissais pas et qui se trouve être, en Grande Bretagne, l'un des jurés de X Factor. Avant cela, il avait été le manager de plusieurs artistes cheesy. Et, dans un discours d'une lucidité folle, qu'on pouvait confondre, sans prendre de recul, avec du cynisme, il parlait de l'industrie du fromage. Il disait qu'il y aurait toujours une clientèle pour le fromage et que, lorsqu'on était producteur, il s'agissait non seulement de faire son boulot le mieux possible mais aussi de savoir ce que vous êtes en train de faire. C'est à dire du cheese et pas de l'art. C'est évidemment tout le problème des artistes cheesy qui aimeraient, passé un certain délais, qu'on oublie l'étiquette cheesy pour ne conserver que celle d'artiste. Pour reprendre le cas Wham!, c'est exactement ce qui s'est passé lorsque George Michael en rupture du groupe qui l'avait lancé a sorti l'album Faith en 1989. Je n'ai d'ailleurs pas très bien compris l'emballement critique qui a accompagné la sortie de l'album tant, franchement, ça ne changeait pas grand chose par rapport à ses premières aventures discographiques. Ca ne prouvait qu'une chose en fait : que George Michael était un très bon producteur de fromages. J'aurais aussi pu dire chewing gum tant ces chansons foncièrement sucrées peuvent s'avérer aussi collantes à votre esprit qu'une de ces friandises à votre semelle. Et même des années après. Tenez aujourd'hui, il me suffit de trois notes de piano et d'un "Oh baby !" pour me plonger dans l'ambiance ci-dessous.



Britney Spears : au moins 60% de matières grasses (au propre comme au figuré d'ailleurs aujourd'hui). Après reste à bien faire la différence entre un bon titre cheesy et de la bonne musique. Vous ne pouvez prendre du fromage QUE SI vous avez un régime équilibré sinon vous risquez l'obésité. C'est précisément ce que je reproche à certains journalistes qui ont fait, par exemple, de Gangnam Style l'un des meilleurs titres de l'année dernière. Faire d'une daube un plat du jour, passe, mais la transformer en un met raffiné juste parce que tout le monde aime ça, non. Donc, affichons nos mauvais goûts, consommons du fromage, mais sachons par pitié faire la différence. Ce qui n'est pas forcément évident, et dans les deux sens. Car si le producteur de fromages sait que sa production n'a de sens que si elle est consommée, bref si le titre a du succès, on peut avoir tendance à croire que, parce qu'un titre a du succès, il est forcément cheesy. Pour reprendre l'épisode de Glee, le personnage de Blaine fait son coming out de plaisir coupable autour d'un titre de Phil Collins, dont il est de bon ton, semble-t-il, de plaisanter. C'est vrai que Phil Collins n'a jamais vraiment été ma came : pour moi, il fait partie de ces artistes que tout le monde aime, un peu facile à écouter précisément parce que sa musique n'est pas trop compliquée. Mais il s'agit plus du cas d'un cas d'artiste MOR, comme surnomme les Anglosaxons ces artistes Middle Of the Road, qui ne font pas de vague et ne sont pas surprenants pour un sou, un truc (le MOR) sur lequel je reviendrais une autre fois. Ca ne veut pas forcément dire que c'est mauvais, sans surprise, c'est tout. Dans Glee, Blaine chantait Against all odds. C'est une chanson d'amour. Une chanson d'amour, c'est forcément sans surprise. Un truc doux et lent sur lequel on dit je t'aime, tu m'aimes, tu me manques, ne me quitte pas... A ce compte là, toutes les chansons d'amour serait cheesy. L'amour même serait cheesy. Or, réécoutez Against all odds, surtout dans la version dépouillé qu'en donne Darren Criss (Blaine) dans Glee. C'est juste une belle chanson, pas la peine d'en faire tout un fromage.

mercredi 27 mars 2013

You and me both

Il y a un morceau sur le premier album de Team Ghost qui s'appelle Things are sometimes tragic. De manière assez ironique, je trouve que c'est là que l'album, Rituals, prend vraiment son envol. C'est pas que ce soit à ce moment que les choses deviennent, comme l'indique le titre, tragic, mais c'est alors que, littéralement, la musique s'envole, gagne en espace, devient littéralement planante, très proche, dans l'esprit et le son, du meilleur de M83. L'ironie dans tout ça ? C'est que c'est Nicolas Fromageau, qui fut durant deux albums, la moitié de M83, qui a fondé Team Ghost. Or, c'est au M83 d'aujourd'hui plus qu'à celui qui débuta, sous la forme d'un duo donc, en 2001, que ressemble la présente formation de Nicolas Fromageau quand elle est, à mon goût, à son meilleur comme sur ce Things are sometimes tragic et, grosso modo, sur la moitié de l'album. J'imagine que, sur l'autre partie, un peu plus furieuse, sauvage et foutraque, Team Ghost a voulu montrer qu'ils étaient un vrai groupe de rock. Capables de jouer en live comme je les ai entendus, hier, sur France Inter. C'est d'ailleurs assez drôle car l'invité de l'émission, le sympathique, au demeurant, François Berléand, amené à se prononcer sur la performance du groupe, dit qu'il aimait ça, parce que c'était du rock et pas de la techno, qu'il détestait. Or la musique de Team Ghost doit bien plus aux musiques électroniques qu'au rock'n'roll, comme on peut l'entendre même sur Dead film stars, pas forcément le meilleur morceau mais un de ceux disponibles sur le Net puisque sorti en single.



D'ailleurs c'est peut-être parce que, dans ces moments là, Team Ghost ressemble moins à M83 (mais moins ne veut pas dire pas du tout) que ces titres là sortent en single. Pourtant, d'une certaine manière, Nicolas Fromageau pourrait tout aussi bien revendiquer la paternité du son puisque le premier album du duo d'alors, sorti très confidentiellement en 2001, portait déjà en jachère tout ce qui allait faire la marque M83 : des morceaux qui doivent autant au shoegaze qu'à l'electro, planants, mystérieux et capable aussi d'une subite euphorie capable de vous mettre en transe. Je me souviens très bien par exemple avoir écouté en boucle Sitting qui est d'ailleurs et pas du tout bizarrement le seul titre du premier album que reprenait en live M83 quand je les ai vus en concert l'an dernier.



Mais si les deux premiers albums réalisés en commun (M83 puis Dead Cities, Red Seas & Lost Ghost) m'ont plu, ce n'est précisément que lorsque M83 est devenu le seul jouet d'Anthony Gonzalez que ma passion pour le groupe a débuté. Soit avec l'album Before the dawn heals us qui reprenait tout ce que j'aimais chez eux avant mais poussait largement le bouchon plus loin, agrandissait son panorama. Comme si la petite graine que j'avais chéri donnait enfin de vraies fleurs. Je ne sais plus exactement quand Anthony Gonzalez a quitté la France pour s'installer à Los Angeles. J'aime à penser que c'est précisément au moment de cet album qui voyait les choses en beaucoup plus grand. Surtout, contrairement aux deux premiers albums, M83 faisait appel à des vocalistes. Enfin c'est ce que j'ai longtemps cru en écoutant Don't save us from the flames.



En fait de vocaliste, Anthony Gonzalez avait seulement donné de la voix. Sa voix. Car c'est lui qui chante comme je ne m'en apercevrais finalement qu'en allant le voir en live. Est-ce à ce sujet que le duo s'est séparé ? L'emploi de la voix ? Ou bien, plus basiquement, en ont-ils juste eu marre l'un de l'autre après leur première tournée ? Je n'en sais fichtre rien. Je trouve juste étonnant que, des années après, ces deux là, qui s'étaient sans doute bien trouvés, fassent peu ou prou la même musique, avec, comme je le mentionnais et le précise à nouveau un net avantage pour M83 qui, à mon goût, signe un sans faute depuis trois albums, raison pour laquelle je ne choisirais pas, pour illustrer mon penchant un des titres de l'ô combien acclamé (et à juste raison) Hurry up, we're dreaming (j'ai déjà posté il n'y a pas si longtemps Midnight City) mais plutôt l'immense Couleurs de l'album précédent (qui est le morceau que reprenait en rappel le groupe dans un déchainement euphorique - le mien et celui du reste des spectateurs tant c'est l'un des meilleurs groupes live que j'ai vu ces dernières années).



J'en étais là de mes réflexions quand, hier, au Grand Journal de Canal Plus, je vis Depeche Mode (à qui, comme tant d'autres, M83 doit beaucoup) qui venait annoncer leur nouvel album et leur tournée. Je ne reviendrais pas sur les liftings de tous les membres du groupe qui me rappellent le pire d'Indochine mais je regardais avec attention les visages de Dave Gahan et Martin Gore quand l'animatrice leur demandait s'ils se retrouvaient souvent en dehors des tournées et des disques. Jamais, fut leur réponse. Quiconque connaît un peu le groupe connaissait déjà la réponse puisqu'on sait que ces deux là ne s'apprécient que modérément. Ce ne doit pas être évident de chanter les chansons de Martin Gore pour Dave Gahan tout comme ça ne doit pas l'être pour Gore de ne voir ses chansons exister QUE lorsque Gahan les chante. C'est d'autant plus injuste que Martin Gore est un bon chanteur comme on peut l'entendre sur certaines chansons de Depeche Mode comme A question of lust, One Caress et, ma préférée en ce qui le concerne, Home.



Mais, malgré la voix céleste, proche d'un enfant de choeur de Martin Gore, pour le public, rien à faire : Depeche Mode a la voix de Dave Gahan. On sait finalement comment les choses se sont "arrangées" puisque après deux albums en solo de Dave Gahan, le chanteur a été autorisé à, lui aussi, écrire des chansons pour le groupe, toujours minoritaires, mais parfois réussies comme Broken sur l'album qui vient de sortir ou I want it all sur Playing the Angel.



Reste que le vrai génie de Depeche Mode, c'est Martin Gore. Qui n'est rien sans Dave Gahan. Ces deux là doivent faire contre mauvaise fortune bon gré. Pour exister artistiquement, ils doivent faire équipe. L'un ne va pas sans l'autre quand bien même l'un et l'autre ne se vont pas. C'est assez pathétique. Oui, Things are sometimes tragic. D'où le titre de ce post, également titre de cet album de Yazoo, formé par Alison Moyet et Vince Clarke, membre fondateur de... Depeche Mode, titre à l'ironie grinçante qui reflétait l'état d'esprit du duo alors (ils étaient sur le point de se séparer) et qu'illustrait une pochette sur laquelle se mordaient à mort deux dalmatiens (souvenez-vous, j'en avais déjà parlé ici).

dimanche 24 mars 2013

Dimanche, instantané

Depuis les débuts de ce blog, je m'obstine à vouloir toujours rassembler les morceaux sous une thématique pour ne pas faire de ce blog un blog comme les autres. Je m'interdis de juste balancer un titre en disant que c'est vachement bien et point. Je rappelle pour les retardataires que ça ne s'appelle pas C'est Une Vie pour rien puisque précisément je me plais à y relater ce qui fait de moi l'auditeur que je suis aujourd'hui et non l'auditeur que vous êtes, par exemple. C'est peut-être là que je me plante un peu car finalement vous dire d'écouter aujourd'hui, Comet par Hey Champ, qui a pris d'assaut le Web en quelques jours à peine, c'est aussi parler de ça.



C'est juste un morceau cool à écouter le dimanche, un truc d'after, même si pour qu'il y ait un after, il faut qu'il y ait eu un before qui n'est plus d'actualité de nos jours. De mon actualité, s'entend. Mais le dimanche a quelque chose de spécial précisément parce qu'il était dans le passé et parce qu'il continue d'être aujourd'hui, un jour lazy, paresseux où la seule dance possible consiste à taper du pied en attendant que le lundi, terrible et angoissant, n'arrive. Un jour pour soi, pour moi, pour toi, For you.



J'ai du mal à retrouver le nom de ce blog que je consultais fébrilement le dimanche matin et qui, précisément, s'était fait une spécialité de ces morceaux cool comme ce remix d'Evi Vine par le fabuleux Napoleon. Toujours est-il qu'un jour, le programmateur de ces sunday mornings finit par tirer sa révérence. Mais mon envie pour ce type de morceau le dimanche demeure. Des trucs pas prise de tête, doux, pas foncièrement indispensables, mais qui vous enveloppe comme une bonne doudoune. Du coton. Un peu comme celui qui enrobe le son de La Main sur For so long.



Ca peut donner une impression d'automne ou d'hiver, ces dimanches emmitouflés, mais je crois que ce sentiment dominical demeure au printemps ou à l'été où l'on remplace les couvertures par les rayons du soleil allongé sur une chaise longue au jardin, avec cette même soif d'apaisement par la musique, tranquille, comme celle de l'américan Astronauts etc..., dont je vous renvoie sur la page Soundcloud pour découvrir et télécharger gratos d'autres de ses merveilles, de type Sideswiped.



Oui, encore une fois, tout ça n'est pas bien sérieux, n'a pas vraiment de conséquence sur l'auditeur que je suis sur le long terme mais ça en dit beaucoup sur l'instant. Et finalement qu'est-ce qu'une vie si ce n'est une suite d'instants ?

lundi 18 mars 2013

Les choses en grand

Pour revenir deux secondes sur mon précédent post, ma bonne impression sur le single de Zazie se confirme sur l'album également nommé Cyclo, le meilleur de la dame depuis... Disons son meilleur tout court. Voilà : deux secondes. Et pas plus, et même si l'album est top, parce qu'il faut passer au reste. Le printemps est là. Non, pas au dessus de nos têtes mais dans les bacs. Va falloir d'ailleurs penser sérieusement à changer d'expression parce que les bacs des disquaires, eux mêmes, ont disparu. Alors que dit-on des nouveaux albums ? Qu'ils sont dans les tuyaux ? C'est moins joli comme image. En tout cas, c'est l'encombrement comme chaque année à cette même période pour le meilleur et pour le pire. Je ne veux pas, par là, parler (allitération même pas faite exprès) de la qualité des albums mais du fait qu'ils sont si nombreux à sortir ces jours-ci que, forcément, il y aura des cadavres sur le champ de bataille : des anonymes qui le resteront, parce que même s'ils auront bien fait leur boulot, ils n'auront pas cette curieuse lettre de recommandation qu'on demande de nos jours : le buzz. Buzz, qui tel le personnage du même nom dans Toy Story, ne dure que le temps d'un éclair mais bon... Les éclairs aussi peuvent s'avérer foudroyants. Bref, tout ça pour dire que les albums de Zazie donc mais aussi Woodkid, John Grant, Daughter, Night Works, Napoleon, Bastille (oui, on est très porté sur l'histoire de France, côté pseudo en Grande Bretagne en ce moment), Youth Lagoon, Kavinsky, Albin de la Simone, Johnny Marr se sont disputés les faveurs de mes oreilles ces derniers jours. Finalement heureusement que parmi tout ça se trouvent de réelles déceptions, des albums qu'on range dès le premier jour : ce sera ça de moins à devoir intégrer dans son disque dur, au propre comme au figuré, genre l'album d'Atoms For Peace, le "supergroupe" de Thom Yorke, le chanteur de Radiohead, autour de Flea, le bassiste des Red Hot Chili Peppers, et du producteur Nigel Godrich, que, perso, je ne trouve pas super du tout, ou alors super prise de tête (voir ici). Je pourrais vous livrer ça tel quel, ce que je suis d'ailleurs en train de faire, mais préfère, comme d'habitude donner un peu de cohérence à l'ensemble. De toutes façons, il me faudra un peu de temps pour assimiler tout ça, trouver des mots à mettre sur les sons, et trouver les sons tout court, tant ces morceaux, qui viennent de paraître, ne sont pas forcément tous présents sur mes sources en illustrations (Soundcloud, Youtube, Daily Motion...).
Mais, si comme les chroniqueurs de mode, il me fallait donner une tendance à la saison qui s'annonce, je dirais qu'on y voit les choses en grand, panorama, façon cinéma. D'ailleurs, avant toute chose, c'est de cinéma que j'ai envie de parler car, même s'il n'a, pour l'instant, composé qu'une bande originale de film (pour Another Happy Day en 2011), il est clair que la musique d'Olafur Arnalds appelle les images et donc le grand écran. Olafur Arnalds, comme son nom l'indique et l'indiquerait encore mieux si j'arrivais à mettre un accent sur le O, est islandais. Il a même acquis dans son pays, nous indique cette fois sa note biographique Wikipedia, une renommée comparable à celle de ses compatriotes Björk et Sigùr Ros avec lesquels il a tourné il y a cinq ans. Mais comment en arrivais-je à Olafur ? Car, comme vous le savez, ou ne le savez pas, ce qui, en la matière, revient au même, Olafur Arnalds n'a pas créé (encore, du moins, et à ma connaissance) le buzz. Eh bien, il se trouve que, mon attrait vers les musiques du nord de l'Europe aidant forcément, ma curiosité a été plus que titillée par un type qui s'appelle Olafur. Rajoutez à ça une pochette immaculée où apparaît, comme dans les nuages, la silhouette en gris dudit Olafur et le titre de son album, For now I am winter, et il fallait que j'écoute au moins un titre pour en avoir le coeur net. Un titre plus tard, il me fallait tout l'album de la même façon qu'un album plus tard, il me fallait tout ce qu'avait pu enregistrer Olafur Arnalds jusqu'à présent. Je ne sais d'ailleurs plus quel est le titre qui m'a persuadé de prolonger ma ballade en For now I am winter tant tous les morceaux de cet album sont absolument fantastiques. Prenons Only the winds qui représente assez bien l'album.



Le piano prédomine, accompagné d'un quatuor de cordes, dont les mouvements sont amplifiés parfois par un grand orchestre, le tout enjolivé de délicates enluminures électroniques. Vous trouverez tout ça expliqué dans la vidéo qu'Olafur Arnalds a fait pour expliquer la petite application qu'on trouve sur son site et qui permet précisément de décortiquer ce morceau ; allez y, mettez les boutons sur on et off, privilégiez des pistes, c'est plutôt rigolo. Arnalds n'est pas chanteur mais musicien. Sur certains titres de l'album, un chanteur, Arnor Dan, prête sa voix. Sûr qu'au prochain album, s'il le souhaite, Olafur Arnalds pourra débaucher tous les chanteurs qu'il voudra. Un peu à la façon de Craig Armstrong. D'ailleurs, clairement, c'est à Craig Armstrong que m'a fait penser Olafur Arnalds : même façon d'alterner instrumentaux et chansons, même façon mélancolique d'user et abuser des cordes et du piano pour produire une grande émotion, même façon d'y ajouter une bonne pincée d'électronique. Rappel aux ignares : c'est à Craig Armstrong que Massive Attack avait fait appel pour les arrangements de cordes sur l'album Protection, Armstrong allant même jusqu'à cosigner deux morceaux dont le Weather Storm dont il livra sa propre version plus tard sur son premier album signé par le label de, bouclons la boucle, Massive Attack.



Oui, un grand orchestre, tout de suite, ça en jette. Forcément, le nombre aidant, le morceau rentre dans une autre dimension. Plus ample. C'est finalement ce même genre d'emphase, pourrait-on dire, auquel aspire Woodkid, la sensation du moment. En matière de buzz, on a d'ailleurs droit à un champion : deux singles et son nom est sur toutes les lèvres avant la sortie, aujourd'hui, de son album qui donnait lieu ce matin à une journée spéciale sur France Inter où, en plus d'être l'invité de l'émission de Pascale Clark, Woodkid avait "rhabillé" toute l'antenne en créant des jingles spéciaux. Je ne dis pas que le monsieur n'a pas de talent. Au contraire, j'ai été, comme d'autres, totalement subjugué par la beauté de son titre inaugural, Iron, sorti il y a deux ans maintenant, que ce soit le son ou l'image, puisqu'il est également le metteur en image de son clip.



C'est d'ailleurs aussi parce qu'il met en scène les clips de la très hype Lana Del Rey que cette même hype a rejailli sur lui. Ce qui en fait un artiste total (il dessine aussi les pochettes de ses disques), ce qui va très bien à l'époque, mais représente quand même un gros changement quand on pense qu'on aime pas trop, ou du moins qu'on aimait pas trop, en France en tout cas, mélanger les casquettes, ce dont plus d'un acteur(/trice) chanteur(/euse) peut attester. Donc, soit : Woodkid a du talent à revendre et mérite tout le bruit qu'il y a autour de lui (l'album est hautement recommandable). Mais dans ce bruit, pourquoi n'ai-je pas entendu une voix pour dire qu'on avait déjà eu, en France, quelqu'un qui lui aussi aimait utiliser force cordes et trompettes avec autant de classe ? Sans doute parce que c'est moins hype d'oser déclarer sa flamme à William Sheller. Or, si l'on écoute Excalibur par exemple, l'air de famille m'apparaît clairement. Mais peut-être n'est-ce que moi ?



Je ne voulais surtout pas finir sur ce morceau de Sheller parce que, même si je le trouve très réussi, je peux comprendre qu'on puisse le trouver "too much". Comme trop de cordes, trop d'orchestrations, trop d'emphase, bref, trop de tout. Or William Sheller n'est jamais meilleur (souvenez-vous d'Un homme heureux) que lorsqu'il est seul au piano. Et c'est précisément ce qu'il partage avec tous les artistes de cette page. Craig Armstrong a beau être un orchestrateur et arrangeur de cordes génial, il a livré ses dernières mélodies au piano. Enlevez les cordes et les arrangements d'Olafur Arnalds et les mélodies restent magnifiques accompagnées du seul piano. Même Woodkid n'a pas besoin de tout ça puisqu'avec une seule guitare, sur Brooklyn, il sait se montrer très touchant. Tout ces artistes, me semble-t-il, partagent un même talent. Immense. Aussi n'y a-t-il pas de mal, pour eux, à voir les choses en grand. Même si, comme sur son fort bien nommé album Epures en 2004, Sheller montrait qu'il n'est pas toujours la peine d'en rajouter.