vendredi 31 mai 2013

Un pas en avant, trois en arrière

Deux semaines que je ne suis pas revenu sur ces pages et j'ai l'impression que mille ans se sont écoulés. Peut-être parce que, printemps oblige, j'accumule en ce moment les albums et autres titres piochés à droite à gauche, voire même pas intégrés à ma discothèque mais qui résonnent encore dans ma tête. La dernière catégorie ne contient qu'un représentant mais ô combien important puisqu'il est clair, d'après moi, que Benjamin Clementine va faire le buzz. Parce que ce jeune black anglais a été découvert dans le métro (ce n'est pas une première mais ça marche toujours - d'ailleurs on a tous, je crois, eu, un jour ou l'autre, une émotion forte au détour d'un couloir de métro, enfin peut-être pas vous, mais moi, oui, mais je vais refermer la parenthèse) et parce que sa chanson dédié à London a quelque chose d'un hymne dépouillé à la ville, qui serait une espèce de version d'outre Atlantique, low cost et cafardeuse car, forcément, plongée dans le brouillard, de ce que l'Empire State of mind de Jay Z et Alicia Keys fut pour New York. Au pire, si sa chanson ne traverse pas la Manche (ce fut le cas, par exemple, du Say it ain't so Joe de Murray Head, standard chez nous et que dalle chez les Grands Bretons), sa scansion bluesy devrait frapper assez d'esprits ici (elle est déjà dans la play-list de France Inter) pour lui assurer des fins de mois définitivement loin des couloirs de la RATP.


Benjamin Clementine - London / Le Carmen from Irudia on Vimeo.

Mais vous savez quoi ? Malgré l'évident talent du bonhomme et la réussite de cette chanson, ça me fatigue déjà. Parce qu'on va l'entendre un demi milliard de fois et qu'à chaque fois, précisément comme je viens de le faire, on nous rappellera qu'il sort du métro, que c'est un conte de fées, etc... Un buzz un peu trop évident. Mais buzz quand même.
Jesse Ware a énormément buzzé l'année dernière avec son premier album. Ca aurait pu me plaire. Sauf que ça l'a pas fait. Or la même Jesse a sorti ces jours-ci à l'occasion de la sortie, je crois, de son disque aux Etats Unis, l'incroyable Imagine it was us, qui est un tube plus-efficace-tu-meurs dont je ne me peux me défaire. De quoi, peut-être, me refaire une opinion sur l'album ou, tout du moins, guetter ses prochaines sorties.



D'autant que Jessie Ware est allé poser sa voix sur la sucrerie soul diablement efficace et totalement ensoleillée de Mayer Hawthorne, Her favorite song, qu'on garde pour les ballades en voiture, décapotée de préférence, cet été avant d'aller à la plage.



J'ai déjà dit ici comme j'aimais la musique africaine quand elle s'associait à d'autres sonorités. C'est précisément ce que j'adore dans le Djon Maya de Victor Démé remixé par Synapson dont vous auriez d'autant plus de tort de vous passer qu'il est téléchargeable à l'heure où j'écris ces lignes.



C'est rigolo parce qu'en le réécoutant à l'instant, y a un petit côté africanisant dans la bluette de l'anglais Bibio qui permet d'avoir un air (qui ne vous quittera plus) pour dire (ou plutôt chanter donc) A tout à l'heure ! (Là encore téléchargeable contre une adresse mail, toujours à l'heure où j'écris ces lignes)



Vu la qualité des deux premiers morceaux que j'ai entendu, j'attends avec impatience Impersonator, l'album des Canadiens de Majical Cloudz. Jugez en par l'atmosphère impressionnante de Bugs dont buzz, là encore téléchargeable à l'heure où...



Amoureux de ces ambiances sombres, ne manquez pas le dernier Tricky, False Idols. Je le dis d'autant plus volontiers que je n'ai pas été très fan de tout ce qu'a fait Tricky après son inaugural et sans doute insurpassable Maxinquaye, maître étalon du trip hop. Or il y a une chanson sur le dernier album qui s'appelle Nothing's changed. Et effectivement, Tricky fait comme si rien n'avait changé depuis son premier album. Perso, vous m'en voyez ravi. Après, j'imagine que plus d'un vont l'accuser de faire du surplace, mais ce re-départ (il vient de changer de maison de disques) est à mon goût très convaincant et, vous me direz merci plus tard, téléchargeable en ce qui concerne le morceau ci-dessous à condition d'une adresse email.



Ca vous a plu, petits morbides que vous êtes ? Alors ce serait dommage de se priver de la reprise la plus déprimante et donc sans doute la plus jouissive du Get lucky des Daft Punk par les anglais de Daughter qui, en l’occurrence, ont du rendre bien jaloux the XX (et oui, c'est encore téléchargeable).



Mais pour ceux qui me reprocheraient déjà mon humeur chagrine, je peux aussi proposer une version du même titre survitaminée, mash up gavée de samples en tous genre (Madonna, Michael Jackson, Chic, Justin Timberlake, Neneh Cherry et même Rick Astley !) réalisée en Grèce par Robin Skouteris et qui, pour ma part, est sur ma play-list de boums cet été (et oui, c'est encore téléchargeable).


Je pensais pas écrire un jour super groove mais bon que voulez-vous que je vous dise de Heartbreaks + Seatbacks de Thundercat à part qu'il a un super groove ? Qu'il a un super vibe ? Mouais... Vous m'aurez compris (album à venir début juillet).



En fait, j'écoute tellement de trucs en ce moment que je télécharge des morceaux juste pour me souvenir (le morceau étant tellement engageant) qu'il ne faut pas que j'oublie de prendre l'album au moment de sa sortie. Sauf qu'évidemment, la faute aux "tellement de trucs que j'écoute en ce moment", j'oublie. C'est à l'instant, par exemple, que je me rends compte que je n'ai pas encore écouté Dormarion, l'album de l'américain Telekinesis, dont je suis, pour le coup, bien incapable de vous parler, alors que je ne me suis toujours pas lassé de son single avant coureur Ghosts and creatures.



Il faut en général se méfier des concepts aussi fumeux que foireux du style deux pianistes de formation classique qui jouent avec un batteur une musique à consonance électronique. Sauf qu'avec Aufgang, ça marche. L'album est très très réussi.



Je pourrais aussi vous dire, mais à quoi bon, que l'album de Vampire Weekend est un super album. Oui, à quoi bon, car si vous ouvrez un journal ces jours-ci, vous y lirez exactement la même chose et, pour moi, à raison. A vrai dire, je n'avais jamais réellement adhéré à la musique de Vampire Weekend jusqu'à présent ; les petites guitares façon l'Afrique du Sud revues par Paul Simon, c'était pas pour moi. Or je me suis pris une sacrée claque avec Diane Young, leur rockabilly revisité (moi, qui pourtant déteste le rockabilly) et m'en suis pris plusieurs autres derrière via donc l'album Modern Vampires of the City, d'ores et déjà l'un des meilleurs de l'année.



Je pourrais aussi vous dire que l'album de Phoenix n'est pas réussi. Mais à quoi bon ? Et là, ce n'est pas parce que vous l'aurez lu quelque part, mais simplement parce qu'il était carrément impossible de trouver un successeur à la hauteur de Wolfgang Amadeus Phoenix. Pourtant l'intention était bonne avec le compas braqué sur le son des eighties, sauf que tout est lourd et pataud. Je ne crois même pas que ce soit une question de composition mais bien plus de production et pour s'en convaincre, il suffit de jeter une oreille au remix par RAC (dont, il est vrai, les remixes sont presque toujours excellents) de Trying to be cool, qui fait enfin de ce morceau, quelque chose, précisément, de cool (et, c'est cool aussi, téléchargeable).



D'ailleurs, pour en terminer sur le chapitre Phoenix, je trouve que la même intention se retrouve sur l'album de Chateau Marmont, The Maze, mais de manière autrement mieux exécutée. A vrai dire, j'ai retrouvé sur cet album, la même ambition (70's et 80's revisités) que sur le dernier Daft Punk et la même réussite aussi, mais en moins flamboyant, en moins m'as-tu-vu. Un peu la version low cost et petit bras (et dont on parlera donc sans doute nettement moins) du Random Access Memories.



Oui, je pourrais vous parler de tout ça. Sauf que j'ai beau m'efforcer à suivre le carnet des tendances de la saison, et d'y trouver parfois de quoi me satisfaire, je finis, à la fin de la journée, par me retrouver sur un blog intitulé Newromanticrules, où rien ne m'a fait plus plaisir que de retomber sur l'album The big heat de Stan Ridgway (j'en entends certains faire "qui !?"), l'ex chanteur de Wall of Voodoo (encore : "Qui !?"), que j'avais tant écouté en 1985, et que j'ai encore en vynile. Il chante encore, Stan Ridgway. Il a fait un album tous les 3, 4 ans depuis The big heat. Et quand on écoute le morceau titre ou Camouflage ou Salesman ou Drive she said, on se demande pourquoi on a arrêté d'écouter Stan Ridgway. On se demande à quoi ça sert d'écouter tout le reste quand on a déjà ça. Ca sert à rien. Juste à faire plaisir.



Allez, levons notre coude à demain, à hier, et à dans deux semaines ou dans mille ans !

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