C'est surtout l'occasion pour moi de montrer comment ça fonctionne, là-haut, dans un coin de mon crâne, et comment d'une chanson découle une autre puis une autre, puis une autre, etc... C'est aussi la problématique à laquelle je me frotte chaque jour quand je débute l'un de ces posts quotidiens : comment rester sur une seule route quand chaque morceau est un véritable carrefour bourrés de chemins de traverses. Prenons donc l'exemple du Rent de Field Music que j'avais déjà entendu lorsqu'il avait envahi le Web lors de sa sortie en single, au printemps, pour le Record Store Day, reprenant au passage la très belle pochette d'Actually, l'album des Pet Shop Boys
Evidemment, la reprise de Field Music fait apparaître toute la beauté de la chanson des Pet Shop Boys, dont on a trop tendance à résumer le brio aux textes de Neil Tennant. Je ne dis pas que "I love you / You pay my rent" n'est pas un incroyable (et d'un incroyable cynisme) refrain mais si la chanson est devenue l'un des classiques du duo, c'est aussi (surtout ?) parce qu'elle s'appuie sur une très bonne mélodie, ce dont les Pet Shop Boys, eux mêmes, avaient fait la démonstration via cette autre reprise très camp et très Broadway (pléonasme ?) qu'ils avaient dirigé pour Liza Minelli.
On dirait, d'ailleurs, qu'il y a une propension chez les Pet Shop Boys à dissimuler tout le génie de leur musique derrière des paillettes, des arrangements lourds, en rajoutant des tonnes, parfois et même souvent trop, ce qui fait qu'on peut souvent passer à côté d'eux et ne pas toujours comprendre pourquoi ils ont souvent été désignés, en Angleterre, comme le groupe le plus important des années 80 avec... les Smiths ! D'ici, ça peut sembler saugrenu, pourtant le parallèle est évident : deux duos (parce que, avouez-le, à part Johnny Marr et Morrissey, on connaît pas le nom des autres membres de The Smiths) avec un musicien et un parolier, avec des textes considérés pour beaucoup comme les meilleurs de leur époque dotés de titres interminables, les Stop me if you've heard this one before ou Please, please, please, let me get what I want des Smiths répondant aux I don't know what you want but I can't give it anymore ou What have I done to deserve this ? des Pet Shop Boys. Cette dernière chanson, en duo avec Dusty Springfield m'amène d'ailleurs à l'autre point commun des deux groupes : déterrer leurs idoles des 60's. Sandie Shaw pour les Smiths et donc, Dusty Springfield pour les Pet Shop Boys à qui ils offrirent l'une de leurs plus belles chansons, la bande originale du film Scandal, la magnifique Nothing has been proved.
J'ajoute que cette ballade poignante connut en quelque sorte un prolongement avec une autre chanson que les Pet Shop Boys offrirent pour la bande originale du film The crying game pour Boy George.
J'aurais encore pu ajouter que cette chanson eut droit à une reprise de Little Jimmy Scott, tout ça m'éloignant du sujet, mais le sujet, précisément, n'est-il pas de montrer comment il m'est facile de m'en éloigner. Mais revenons à Field Music, notre point de départ et empruntons une autre route. Car c'est ici l'autre partie de l'équation : le groupe. Or ce n'est pas la première fois que j'entendais parler de Field Music qui a livré un très bon album il y a trois ans : Measure.
Je n'ai pas tout l'album dans ma discothèque, car, à vrai dire, je ne suis pas un vrai fan de Field Music, allant jusqu'à ignorer qu'ils ont sorti un album en début d'année, Plumb, qui vient pourtant d'avoir l'honneur d'être dans la shortlist du Mercury Prize (pour faire court, l'équivalent du Goncourt pour les disques chez nos amis Britons). En revanche, j'ai tout l'album de The Week That Was. Car, Field Music est le groupe des frères Brewis, l'un d'eux, Peter ayant en parallèle son projet solo : The Week That Was dont vous trouverez ci-dessous le morceau Learn to learn.
Bon, pour tout dire, je n'ai jamais beaucoup écouté ce disque. Mais je me l'étais procuré en raison des incessantes références à Kate Bush dont la Critique agrémentait les chroniques de l'album et quand on écoute Learn to learn puis, par exemple, Sat in your lap, pas compliqué de comprendre pourquoi.
Aux cheminements tortueux de ma pensée, s'ajoutent ceux non moins tortueux du Web. Recherchant Heart, l'autre reprise des Pet Shop Boys par Field Music, je suis finalement tombé sur un papier sur Domino dancing dans lequel j'apprends que pour Neil Tennant, leur excellente chanson est leur version à eux (il y aborde le même thème du casual sex) du Numbers de Soft Cell.
Bref, jolie série de ricochets qui, en fait, n'en finirait plus si je n'y mettais moi même un point final. Cette suite de causes à effets peut produire des effets indésirables. A peine me suis-je arrêté sur tel truc que je suis poussé vers tel autre et si j'embarque quelqu'un, comme toi lecteur, dans ce délire, j'ai peur qu'il ne se perde en route. Ou bien qu'il ait besoin, lui, de s'arrêter quand je suis déjà à poursuivre ma route. Par exemple, si je suis déjà à la fin de ce papier, n'ayant pas forcément pris soin d'écouter intégralement tous les morceaux que j'y poste (et pour cause, y'en a un paquet), où en es-tu toi, lecteur ? Arrivé ici, n'as-tu pas oublié ton point de départ ? T'y repères-tu dans tous ces méandres ? Mais, tandis que tu t'interroges et cherches des réponses, je suis déjà loin ; ricochet, m'ayant renvoyé au Ricochet days, le meilleur morceau de Modern English, lui même me renvoyant... etc...
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