jeudi 4 octobre 2012

(Se) Reprendre

Le problème, je m'en rends bien compte au fur et à mesure que les jours passent, c'est de savoir pour qui j'écris. Enfin plutôt de me rappeler pourquoi j'écris ; c'est à dire autant pour moi que pour toi, lecteur anonyme ou non, mais lecteur quand même qui fait qu'aujourd'hui, j'ai tendance à choisir mes sujets en fonction de ce que je vais bien pouvoir avoir à raconter dessus, de la façon dont je vais le faire ou comment mon introduction va m'amener à ma conclusion. Pourtant, le plus intéressant, je l'ai déjà formulé d'une manière ou d'une autre, c'est ce rapport intime et particulier que j'entretiens avec la musique ; c'est uniquement dans l'exploration de cet aspect très personnel que j'arriverais à t'intéresser, ô lecteur, et non en recherchant le mot qui va faire mouche. En même temps, je viens de passer, on va pas dire quelques minutes mais quelques secondes à trouver "et non en recherchant le mot qui va faire mouche" et j'étais assez content de moi  après l'avoir trouvé car il résumait bien ma pensée. Que tu as sans doute du mal, ami lecteur, à trouver clair ce matin ; logique, je suis parti dans ce papier bille en tête, sans même savoir de quoi j'allais parler puisque, précisément, j'avais envie de parler de trop de choses à la fois et que tout ça se bouscule à présent sur les touches de mon clavier.
Ceci étant posé, je vais finalement repartir sur le sujet des reprises pour la simple et bonne raison qu'il me permet de placer le titre de ce post et que c'est exactement ce qu'il faut que je fasse à ce moment précis de ce post. Me reprendre donc. Il y a trois ans, débarquait LaRoux avec son premier album. A priori, LaRoux avait tout pour me plaire puisqu'elle reprenait tous les codes des années 80 revendiquant l'influence de Human League, OMD, Eurythmics, Depeche Mode, Erasure sur sa musique électronique. J'aurais du donc immédiatement tombé sous le charme de Bulletproof, par exemple.



Eh ben non. Je ne dis pas que ça ne m'avait pas plu l'espace des trois minutes que dure la chanson mais, très vite, je trouvais ça léger. Je trouvais les claviers trop "cheap", limite caricaturaux par rapport à ceux auxquels ils se référaient et la voix de LaRoux, aussi agressive à mes oreilles que son maquillage ; j'avais du mal à voir revenir le fluo. Plus que tout et avant même de découvrir (pas plus tard que... ce matin!) dans la note biographique de LaRoux qu'il s'agit non pas d'une chanteuse, mais d'un duo, LaRoux me faisait par trop penser à une autre de leurs références : Yazoo. Yazoo en moins bien, évidemment. En deux albums, Yazoo a réussi une carrière exemplaire. Les synthés sont peut-être les mêmes mais la voix, putain, la voix ! Alison Moyet, merde ! L'Adèle de son temps, si voulez mon avis.



Entre parenthèses, les plus attentifs d'entre vous auront vu que le texte en incrustation annonce Nobody's Diary par Yaz et non Yazoo, ce qui veut dire que c'est une vidéo américaine, Yazoo ayant été obligé de se débaptiser aux US où un autre groupe portait déjà son nom. Entre nouvelles parenthèses, vous aurez aussi remarqué que j'ai préféré Nobody's diary à Don't go, le deuxième album de Yazoo, You and me both, étant à mes yeux et surtout mes oreilles le meilleur. C'est d'ailleurs dingue, pour ouvrir une troisième parenthèse, d'avoir ainsi appelé l'album : You and me both donc, soit Toi et Moi Ensemble avec, sur la pochette, deux Dalmatiens en train de se livrer à ce qui ressemble à une bataille à mort, ambiance lourde confirmée par le fait que sur l'album, Alison Moyet et Vince Clarke, signait à tour de rôle de chacune des chansons sans qu'une seule fois leurs noms n'apparaissent ensemble, le tout finissant, comme on le sait (et si vous ne savez pas je vous l'apprends) par la séparation du duo. Fermez les parenthèses. Mon histoire avec LaRoux aurait pu donc s'en tenir aux affaires classées. Mais il y a trois ans également, le Web a été envahi par cette version de Lou Barlow. Lou Barlow est un musicien américain à des lieues de LaRoux, non seulement géographiquement, mais surtout, bien sûr, par son registre musical puisqu'il fut membre de Dinosaur Jr. et Sebadoh, qui, pour le dire vite, ne manquent pas de faire beaucoup de bruit avec des grosses guitares. Mais Lou Barlow sait aussi débrancher sa guitare, la preuve :



Me devais-je donc de revoir mon jugement sur LaRoux après cette interprétation qui m'a littéralement scotché et m'a fait voir à quelle point "this song is great" comme le dit lui même Lou. D'autant que peu de temps après je tombais sur cette petite ritournelle qui sut plus d'une fois me faire taper du pied (et c'est encore le cas aujourd'hui) signé d'un petit groupe électro de Boston, Yes Giantess, qui pour remercier LaRoux, qui leur avait laissé faire leur première partie lors de leur tournée américaine, reprenait I'm not your toy.

Yes Giantess - I'm not your toy by Cestunevie.com

Mieux encore, Miike Snow, que je vénérais alors à l'aune de ce qui reste l'un des meilleurs albums de ces dernières années, reprenait à son tour en live In for the kill, autre chanson de LaRoux, avec le même effet de séduction.



Me suis-je donc totalement trompé sur LaRoux ? Plus ou moins, dans les plus, on mettra que je suis passé à côté de chansons quand même sacrément bien écrite dont heureusement des fans, comme je l'expliquais ici, ont su me montrer la beauté. Je pense aussi avoir agi en vieux con et c'est là que je vois que je n'ai plus 16 ans : si je commence à m'embarquer dans le c'était mieux avant, ou, ça a déjà été fait avant, ce n'est plus la peine de continuer d'écouter de la musique car ça fait un moment, finalement, qu'on n'invente plus grand chose (mais est-ce que c'est déjà pas un peu "vieux con" d'écrire ça ?). Je veux dire que si j'avais eu l'innocence de mes 16 ans en découvrant LaRoux, j'aurais sans doute trouvé ça génial et peu me serait importé qu'un autre groupe eut fait exactement la même chose près de trente ans plus tôt. En mieux. Ben oui, permettez moi de persister quand même dans ma (vieille?) connerie. Parce que bon, d'accord, LaRoux écrit de très bonnes chansons mais Elly Jackson, c'est le nom de la chanteuse de LaRoux n'a pas une voix, comment dirais-je, amicale. On dirait qu'elle aboie, ou pire, qu'elle va mordre quand elle chante. Prenez la même chanson, Bulletproof, enlevez la voix et remplacez la par celle d'un morveux qui vient de découvrir le Tune In ou tout autre logiciel qui permet de chanter juste à n'importe quel crétin. (car, ne vous y trompez pas, Curtis Drew, dont vous trouverez l'interprétation de cette chanson ici, n'est pas un grand chanteur mais simplement un ado d'aujourd'hui obsédé par son image, Katy Perry et/ou Mariah Carey et qui passe son temps à poster des vidéos sur le Web) et vous obtenez une chanson autrement plus audible. Bon, OK : une chanson autrement plus audible pour moi. Mais je vous l'ai dit dès le départ que je parlais de moi, non ?

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