lundi 1 octobre 2012

Masculin / Féminin

Après avoir quelque peu alourdi l'atmosphère ici, j'avais aujourd'hui envie d'être (beaucoup) plus léger. Et de me décider à vous parler de la chanson de "pouf", dont j'ai fait une catégorie de ma discothèque même si j'ai déjà dit ici tout le mal que je pensais des catégories mais bon, on n'est pas à une contradiction près, hein ? Pouf ne correspond pas à ce gros coussin sur lequel vous pouvez vous assoir car il va être question de danser. Non, Pouf, très gentiment (si, si, je vous assure qu'en l'occurence, c'est très gentiment) est un diminutif personnel de pouffiasse soit, selon le Robert, une "femme, fille que l'on trouve vulgaire ou ridicule". Ou les deux, serais-je tenté de rajouter. La chanson de pouf, c'est celle qui va faire se lever sur la piste de danse toutes les femmes/filles, avec sans doute un petit verre dans le nez mais pas encore tout à fait saoules, avec l'irrésistible envie de dandiner du popotin. A l'inverse du hard, musique qu'on présente, comme une musique testostéronée (une musique couillue, si vous préférez, mais ça revient au même), la chanson de pouf est une musique "oestrogénée". Evidemment, la chanson de pouf est mineur ; mais même dans un registre mineur, elle peut engendrer des chefs d'oeuvre, comme le Can't get you out of my head de Kylie Minogue, maître étalon, si vous voulez mon avis de la chanson de pouf.



La chanson de pouf a un côté gnangnan et ce doit être pour ça que, depuis la création de cette chanson, on parle de Kylie Minogue et de ses "na na na" alors que, après une longue étude sur la question, Kylie Minogue fait "la la la", ce qui, vous en conviendrez, n'est pas vraiment pareil, et nous éloigne du sujet, j'en conviens mais pas tout à fait. La chanson de pouf, pour accrocher, doit contenir l'un de ces hooks (un crochet, précisément, en anglais) qui sont à la base de l'essentiel de ce qui est diffusé sur les radios formatés de nos jours. Un vrai hameçon pour ferrer l'auditeur. Le hook, c'est souvent un "na na na" ou un "wo wo wo", mais tout autre onomatopée fait l'affaire du moment qu'elle devient rythmique ou mélodique. D'ailleurs, le hook n'est pas seulement chanté, il peut simplement être mélodique, c'est le cas du "toup toup toup" synthétique qu'on entend dès le début et presque tout du long du Dove de Moony, une de mes chansons de pouf favorites.



Vous aurez remarqué que la chanson de pouf est systématiquement chantée par une fille. Elles s'adressent aux filles, leur faisant soudain croire qu'elles sont entre elles, ce qui est presque vrai car jetez ces chansons sur le dancefloor (leur élément) et vous verrez sans doute peu de garçons s'y presser. Mais peu ne veut pas dire pas du tout. Oublions le garçon qui a voulu faire plaisir à sa copine et est allé danser sur la chanson préférée de celle-ci ; passons au reste des garçons. Pour danser, et surtout danser là-dessus, il faut clairement assumer sa part féminine. Or, donc, cette musique s'adresse aussi aux gays. Je ne suis pas en train de faire des gays dans leur ensemble (mettre un label sur des personnes, c'est un peu comme catégoriser la musique, si vous voyez ce que je veux dire) une bande de grandes folles. Mais contrairement à l'hétéro de base tendance gros beauf, le gay laissera volontiers vibrer cette corde qui correspond à sa part féminine (entendu que nous avons TOUS une part masculine ET féminine). Attention, mesdames et mesdemoiselles, le métrosexuel se dissimule sous la même enveloppe mais c'est pour mieux vous appater, le métrosexuel n'étant qu'un gros dragueur ayant remarqué comme les gays sont systématiquement entourés de femmes (ou le contraire). Je dis tout ça d'autant plus volontiers qu'évidemment, je suis gay. Et bien plus à mon aise entourée de filles que de garçons. Et cette identité là, tout comme mon environnement, mon histoire, fait de moi, aussi, l'auditeur que je suis. Franchement, si je n'avais pas été gay, aurais-je été aussi sensible au Believe de Cher ?



Tout ça pour en arriver à un constat, la musique, à l'instar de ses interprètes, à l'instar de vous et moi, a, elle aussi, sa part masculine et sa part féminine, la chanson de pouf étant à 100% féminine. Je ne peux pas dire tout à fait la même chose d'AlunaGeorge, puisque comme le nom de ce duo londonien l'indique, la belle Aluna Francis est accompagnée du musicien George Reid, et donc on n'est pas tout à fait entre filles, d'autant que George, passionné de machines, est un grand fan de Radiohead, du rock plus masculin que féminin me semble-t-il. Mais George est galant homme et sait se retirer quand sa musique est toute à la gloire d'Aluna, comme dans ce You know you like it, où Aluna apparaît démultipliée.



Ca a les codes de la chanson de pouf, le goût de la chanson de pouf, la couleur de la chanson de pouf (d'ailleurs quand j'ai posté la chanson sur Facebook, le nombre de "like" féminins était étonnant) mais s'en dégage quand même une classe qui n'est pas tout à fait compatible avec la chanson de pouf (d'où quelques "like", quand même, d'auditeurs mélomanes que je ne peux soupçonner, un seul instant d'être des homosexuels encore au placard). La classe, ça ne va pas avec la chanson de pouf, la vulgarité, je vous le rappelle, faisant indéniablement partie du registre (et relisez tout ça, si vous n'avez pas encore compris). Voilà pourquoi on attendra avec impatience le premier album d'AlunaGeorge prévu pour 2013 alors qu'on se tape de savoir ce que devient Cher.

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