J'ai lu récemment quelques critiques de deux albums dont j'ai du le plus grand bien ici même, ceux de Bat For Lashes et de Efterklang. Mauvaises, les critiques. Sous prétexte que ces deux artistes avaient fait mieux avant. Je ne vais même pas rentrer dans ce débat. Il est d'autant plus stérile que, sur ces mêmes albums, j'ai aussi lu de bonnes critiques. Ce qui montre comme la critique n'est finalement qu'un point de vue. Un point de vue, qui plus est, qui peut changer au fur et à mesure de la distance, et donc, du temps. De toutes façons, quoique je puisse lire, cela ne m'empêchera pas d'apprécier très personnellement, très égoïstement (enfin, pas tout à fait, puisque je les partage ici) ces deux albums. Ce n'est de toutes façons ni la première, ni la dernière fois que j'aimerais l'album d'après alors que, de l'avis général, l'album d'avant était meilleur, ou bien le contraire. J'emmerde l'avis général ! Si un album vous parle, laissez le vous parler sans écouter les commères, les bien pensants qui pensent, par exemple, que le dernier effort de Cat Power n'est pas très glorieux. Or, j'aime beaucoup le dernier album de Cat Power. Grosse surprise en ce qui me concerne et pour cause : je n'ai jamais accroché sur Cat Power. Mais alors jamais. The Greatest, que tout le monde a aimé, c'était peut-être bien mais ça ne me faisait rien. J'allais pas non plus éteindre la radio quand ça passait mais ne voyais pas non plus pourquoi j'irais acheter ça. Et puis, comme toujours curieux, je jette une oreille à Ruin, premier single annonciateur de son nouvel album, Sun. Et c'est comme si sa musique prenait sens et/ou, en tout cas, sa place dans ma discothèque.
Cette impression de décalage marche aussi dans l'autre sens. Evidemment, en fan de la première heure que je suis, c'est à dire bien avant que son nom soit accolé à celui de Salvador, j'ai été très heureux du succès de La Superbe pour Benjamin Biolay. Sans trop comprendre ce que tout le monde trouvait à cet album. Ou bien plutôt en comprenant très bien car c'est précisément ce qu'on trouvait déjà dans Trash Yéyé, l'album d'avant. En mieux. L'album que si peu de gens ont entendu que Biolay s'était fait viré de sa maison de disques. Il y avait pourtant matière à tubes. Une matière d'autant plus émouvante que Biolay était allé gratter ses plaies pour livrer ce qui transpire sa séparation d'alors avec Chiara Mastroiani. J'étais d'ailleurs persuadé qu'il allait décrocher le jackpot avec Rendez-vous qui sait.
Et pour ceux qui ne retrouvent pas dans ce titre le panache de La superbe, je conseille le grandiose et très EnioMorriconien passage sur la lumière du could-have-been-a hit Qu'est-ce que ça peut faire.
A l'heure où sort le nouvel album de Benjamin Biolay, j'ai trouvé, au détour d'un article dans GQ ce mois-ci, une référence à cet album. Le journaliste y dit que c'est le meilleur album de Biolay ! Comme quoi... Cela étant, et même si c'est une petite satisfaction personnelle, je sais très bien que, de l'avis général, c'est encore La Superbe qui s'impose.
De la même manière, si l'on parle de Neneh Cherry, on parlera plus volontiers de son premier album, Raw like sushi (vous savez celui avec les tubes Buffalo stance et Manchild), voire de son troisième album Man (vous savez celui avec les tubes Woman et 7 Seconds), que de son deuxième album Homebrew (vous savez celui avec pas de tubes du tout). Pourtant, vous l'aurez compris, c'est Homebrew mon album préférée de la chanteuse. Et, normalement, dans un monde parfait, c'est à dire où tout le monde entendrait la musique de mon oreille (oui, on a le droit d'être un peu mégalo parfois), Trout, en duo avec Michael Stipe de REM, et son sample malin, aurait du tout déchirer.
Ce ne fut, comme on le sait, pas le cas. Plusieurs années plus tard, Neneh Cherry, alors au sein du groupe Cirkus, était programmé au festival de jazz d'Orléans. Invitée sur la radio où je travaillais, j'étais chargé de la traduction de l'interview de la chanteuse. Pour tous ceux qui se le demandent ("Alors elle est comment, en vrai ?"), Neneh est aussi charmante qu'on se l'imagine. Du coup, même si c'est un exercice auquel je n'aime pas trop plier les artistes (je me dis que ça doit les faire chier + je suis d'une timidité paralysante + de toutes façons, un autographe...), je n'ai eu aucun problème à lui demander de signer un de mes albums que j'avais tous amenés, histoire de lui montrer que j'étais fan. Elle me sourit mais m'explique qu'elle n'allait tout de même pas tous les signer et me demande donc de lui en désigner. Mon préféré, ajoute-t-elle. Je lui tends donc la pochette de Homebrew. Elle le signe puis, en partant, me glisse : "It's my favorite too". On n'est pas forcément décalés ; on est tous calés sur des fuseaux horaires/musicaux différents.
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