samedi 20 octobre 2012

Hypnose

De la même façon que le nouveau logo de ce blog (d'ailleurs merci pour tous vos messages de félicitations, non, j'déconne, y'en a eu qu'un, mais merci quand même) mais surtout son arrière plan peut entraîner des réactions hypnotiques, il en va évidemment de même pour la musique. Et, pour cela, la musique a un instrument qui peut s'apparenter au pendule de l'hypnotiseur : la boucle. Ca marche pour la plupart des musiques électroniques et ce n'est pas un hasard si l'un de ses sous genres est la Trance, la transe désignant un état physique proche de l'hypnose. Mais loin de moi ces considérations médicales, et je vous épargnerais, ce matin du moins, parce que y aura bien un moment où vous y aurez droit, les morceaux Trance de mes jeunes années dopées. Non, si je vous parle de boucle, c'est pour deux jolis morceaux apparus sur le Net. Pas plus tard qu'hier je tombe sur Satin Jackets, un duo allemand, qui a judicieusement intitulé son titre You make me feel good et pour débuter le week-end, avouez que ça tombe plutôt bien.



En guise d'entrée, avouez que c'est agréable. Mais passons au plat de résistance : ce qui est incroyable dans ces morceaux, en tout cas ceux réussis, c'est qu'on ne peut plus se détacher de cette boucle. Ou plus particulièrement d'un motif de la boucle. On est fasciné, on en veut toujours plus, on ne veut surtout pas que ça s'arrête dans un break et on est soulagé quand ça réapparaît plus loin dans le morceau. En cela le morceau de Night Works  I tried so hard ne cesse de me parler au sens où je n'en aurais jamais assez de ce piano mélancolique qui débute et clôt le morceau.



Ca peut sembler on ne peut plus simple ce morceau : tu trouves le bon motif et tu le boucles, c'est pas sorcier. Sauf que trouver le bon motif, celui qui ne cessera de fasciner, n'est pas donné à tout le monde. Le fait que derrière Night Works se cache le premier bassiste de Metronomy ne m'étonne absolument pas. Il faut être musicien pour pondre un truc pareil, aussi simplissime que cela pourra paraître à certains. A qui je dis : "Tu la boucles !" Jeu de mots, merci Maître Capello et je remets dix francs dans le nourrain. Remarquez, dans le style jeu de mots à deux balles, mais involontaire j'imagine, une personne a commenté le titre de Nightworks sur Youtube en écrivant : "En boucle dans mon casque". Toutefois, cela illustre bien l'effet hypnotique d'un titre comme celui-ci. Un effet qu'on peut remettre sur le dos du remix de Don't Understand du Danois Tomas Barfod par les Anglais d'Abstraxion. Cette fois c'est la voix qui vous entrâine ne cessant de répéter tel un mantra : "And I'm walking in dream / And I'm walking so fast".



J'en profite, au passage, pour vous conseiller le très bon album de Tomas Barfod pour qui, évidemment, s'intéresse aux musiques électroniques. En même temps, si vous ne vous intéressez pas aux musiques électroniques, vous n'êtes sans doute pas en train de lire ces lignes. Ou alors vous vous faites du mal. Masochiste ! Ou bien encore vous êtes hypnotisé. Aussi hypnotiques soient-elles, ces musiques ne pourront jamais m'ordonner de dormir profondément. Pour une bonne raison, c'est que je ne peux pas m'endormir en musique. Evidemment, ça m'est arrivé, un peu comateux, de tomber après une certaine heure disons avancée de la soirée, alors que la musique hurlait encore des baffles. Mais jamais la musique ne m'a bercé au point de m'endormir. Il semblerait que l'écoute d'un morceau, même à volume minimum chez moi, laisse invariablement ma conscience sur "on". Sauf pour UN disque. Je mets "un" en capitale, car il n'y a bien que ce disque qui ait cet effet et on atteint des sommets, ce disque étant l'un de ceux que j'ai le plus écouté, le plus usé de ma vie ; et ce n'est pas parce qu'il est le seul à avoir cet effet soporifique, au premier degré du terme, qu'il l'est, au second degré. The Guardian, qui l'a classé dans sa liste des 1000 albums à écouter avant de mourir, en parle comme d'un "chef d'oeuvre intemporel d'une insondable beauté". Je sens que j'ai assez fait  monter la sauce pour briser la le suspense : Mesdames et Messieurs,  roulement de tambour, voici 76:14 de Global Communication.


Sorti en 1994, ce disque est considéré pour beaucoup comme l'un des plus beaux albums d'Ambient. Pour moi, c'est LE plus beau et c'est presque dommage de le réduire à un genre. Son titre, c'est sa durée, soit à peu près le maximum de ce que vous pouviez rentrer sur un CD, ce me semble ; Mark Pritchard et Tom Middleton, les deux têtes pensantes de Global Communication, n'avaient pas voulu lui donner de titre (pas plus qu'à chacun des morceaux qui le composent qui, eux aussi, portent leur minutage en guise de nom) de manière à laisser les auditeurs libres d'interpréter comme bon leur semble leur musique. Mon morceau préférée, c'est sans doute le deuxième, le préféré d'ailleurs, je m'en rends compte en allant sur le Web, de beaucoup de personnes qui ont écouté cet album. Il s'ouvre et se ferme par un lent battement métronomique qui pourrait tout aussi bien être le son de la trotteuse d'une horloge. D'ailleurs pour moi, elle s'apparente exactement à ce bruit : petit garçon, on me faisait dormir, chez mes grands parents, dans un lit installé au salon où trônait une horloge qui avait la même sonnerie que Big Ben. Tous les quarts d'heure, elle se manifestait et, entre deux quarts d'heure, toutes les secondes, émettait ce bruit un rien stressant puisque je savais que je n'avais que quinze minutes pour m'endormir. Rien ne prédisposait donc ce bruit à devenir un ingrédient phare d'une de mes chansons, c'est le cas de le dire, de chevet. D'ailleurs, ce bruit, me semble-t-il, renvoie tout le monde au temps qui passe. Mais ce qui pourrait être anxiogène ailleurs est ici étrangement réconfortant. On est littéralement bercé, passant au ralenti d'un motif à un autre. Car, c'est là où Global Communication fait très fort, ce n'est pas à un motif qu'il vous attache mais à plusieurs qui reviennent en boucles, se liant, se déliant, envoûtant, hypnotisant. Autant vous dire, que si vous avez commencé la journée du bon pied avec le premier morceau de cette page, vous risquez de la voir se terminer bien vite. Plus exactement dans 14 minutes et 31 secondes, qui vous laisseront, sans doute, quelque peu engourdi. Si vous aimez, faites passer, faites tourner.

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