dimanche 11 novembre 2012

Pas moins dense

On ne peut pas dire que je sois obsédé par le funk, la soul, la disco, etc... Nier leur importance dans ma discothèque, et leur importance tout court serait en revanche stupide. Parce que toutes ces musiques là remplissent pour moi, qui ai été - et savoure parfois l'être encore le temps d'une soirée - Dj, une fonction essentielle : faire danser. Bon, ado, ça avait plutôt tendance à me faire m'assoir ; j'attendais une musique plus rock, plus new wave qui était the real thing, si vous voyez ce que je veux dire. Il n'empêche que j'ai baigné dans ces musiques qui ouvraient généralement les soirées avant, précisément, the real thing. Parmi mes souvenirs les plus marquants, il y a ce sans faute de Patrice Rushen, qui fut samplé un milliard de fois depuis sa création en 1982.



Pour la petite histoire, Patrice Rushen n'est pas du tout une de ces chanteuses kleenex qui n'étaient que la devanture de gros producteurs, mâles pour la plupart, mais une très grande musicienne qui a écrit et produit ce titre. Pour en revenir à l'époque à laquelle j'ai découvert le titre, je traitais alors avec condescendance ce genre de musique. Même si c'était bien, ce serait toujours moins bien que le reste, the real thing, donc. Ou, en tout cas, il était bien plus commode de revendiquer sa passion pour U2, Depeche Mode ou Cure (au choix) qu'un goût prononcé pour, par exemple, le Stomp des Brothers Johnson.



Je crois qu'à l'époque les frontières étaient bien plus marquées qu'aujourd'hui entre les différents courants musicaux même si ça n'a pas empêché plusieurs artistes de tenter de les briser. Je pense à des morceaux comme le Heart of glass de Blondie ou le Genius of love de Tom Tom Club (qui n'était autre que la section rythmique des Talking Heads), un titre qui fut, là encore, samplé à de nombreuses reprises.



C'est curieux de voir, comme avec le temps, ce métissage presque inconvenant hier est presque devenu la norme aujourd'hui et comme un groupe à l'image rock revendiquée n'a absolument plus peur maintenant de s'attaquer à un registre plus dansant. Si vous avez un bon morceau, pourquoi le lâcher sous prétexte qu'il ne correspond pas à votre identité, quitte à perturber vos auditeurs ? J'ai ainsi  été quelque peu déconcerté, la première fois que je l'ai écouté, par la fin du parfait The suburbs d'Arcade Fire où Régine Chassagne chante Sprawls II (Mountains beyond mountains). Ca arrivait un peu comme un cheveu sur la soupe. Mais sortez le de son contexte d'album et voyez comme cette chanson est géniale, et encore plus quand les belges fous furieux de Soulwax la remixent.



J'ai malgré tout tendance à penser qu'aujourd'hui encore, on regarde une musique un peu de haut dès lors qu'elle est dansante. La faute à nos inhibitions sans doute qui nous empêchent de profiter pleinement des plaisirs de la danse avant d'être totalement bourré. Prenez Beth Ditto par exemple ; quand elle a enregistré son EP solo avec les Anglais de Simian Mobile Disco, on a minoré l'expérience : une distraction, une parenthèse, mais pas le truc sérieux, the real thing, si vous préférez. Et quand sur le dernier album de The Gossip, Beth Ditto pointe dans la même direction, on considère l'album comme étant l'un des moins bons du groupe. Je ne crois pas seulement que ce soit la force des chansons qu'on juge mais aussi (surtout ?) la direction dance orientated de l'ensemble. Car Move in the right direction est une putain de bonne chanson, et merde, tant pis si on n'entend moins les guitares !



N'importe quel petit groupe de rock et, au-delà, n'importe quel mélomane éclairé a intérêt à jeter, aussi, une oreille sur ce genre de musique. De connaître cette musique et ses classiques pour enrichir son propre répertoire. Et, du même coup, de faire la différence entre une musique de pub (ce qu'il est devenu ces jours-ci et c'est d'ailleurs ce qui m'a amené à vous parler de tout ça) et un  classique de la dance music comme Spank de Jimmy Bo Horne.

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