vendredi 9 novembre 2012

House music

Ô toi, lecteur assidu, tu auras remarqué une absence de deux jours sur ce blog alors que ce n'est même pas le week-end et m'auras traité illico de feignasse. Excuse-moi, ô toi, mais j'étais durant deux jours, loin d'un ordinateur, parti visiter des maisons. Et je n'ai pas été cherché loin le sujet de ce post. Car un artiste, me disais-je, se visite un peu comme une maison. Vous êtes curieux de tous les coins et recoins, certaines ne vous inspirent pas et vous recherchez le coup de coeur. Il y a un paquet d'artistes que la maison a inspiré. Je vais tout de suite mettre de côté le Our house de Madness, sans doute un peu trop évidente, pour m'intéresser à quelques autres. Il y a des maisons qui ne vous inspirent pas totalement confiance : il y a quelque chose qui cloche dans This is the house de Eurythmics, une ambiance un peu étrange sous le vernis pseudo festif. Oui, il y a bien l'intro latine et les cuivres qui essaient de mettre l'ambiance mais, même si "this is the family having a party", c'est suivi de sons chelou aux synthés puis d'une Annie Lennox expliquant que "there's a crack in the pavement" qui révèle bien mieux cet univers un peu trop zarbi. Pas étonnant que ce single qui sortit avant Love is a stranger et Sweet dreams n'ait pas trouvé son chemin jusqu'aux charts. La version maxi proposé par Youtube est assez conforme à la version qu'on trouve sur l'album Sweet dreams ; c'était l'époque où les maxis n'offraient rien d'autre comme mix qu'une version un peu plus longue.



Pas bien plus confortable, Ma maison de Oui Oui. Je trouve le refrain de la chanson imparable et allant à l'essentiel "Ma maison / Ma maison / Ma maison / Ma maison". Comme il occupe une bonne partie de la chanson de Oui Oui, cela fait que Ma maison est encore visitable. Mais vous n'achèterez pas toute la bâtisse. D'ailleurs, ce qu'il y avait de mieux dans Ma maison, c'était, non pas la chanson, mais le clip. Il faut d'ailleurs prendre Oui Oui pour ce qu'il a été : un groupe tremplin pour son batteur, bien plus porté sur l'image que la musique, à savoir Michel Gondry. De la même manière que Mondino avait réalisé La danse des mots pour en faire un clip, on sent Gondry bien plus occupé à assurer les fondations de sa carrière de réalisateur (tout son univers est déjà là) que celle de musicien.



Et puis il y a donc des maisons où le charme opère dès le seuil. Un sentiment de bien-être, un je-ne-sais-quoi, bref, un truc. Je suis rentré pour la première fois il y a quelques mois dans la House de Kindness. Les claviers m'avaient mis en confiance, les beats en fade-in, la voix aussi gentille que son patronyme, et un feel good refrain chanté en choeur avaient fini par me convaincre : c'est tout simplement l'une des meilleures chansons que j'ai écouté cette année.



Derrière Kindness, il y a un Anglais qui s'appelle Adam Bainbridge. Et vous allez voir, lors de la visite guidée, que vous allez le trouver immédiatement sympathique. Je tâche de ne jamais poster deux fois la même chanson et donc, vous pourriez vous demander ce que revient faire ci-dessous le House de Kindness quand, précisément, vous avez eu l'occasion de l'écouter ci-dessus. Eh bien, disons que si vous ne connaissez pas le morceau original (ci-dessus), vous allez passer à côté du caractère dingue ou génial ou les deux de la vidéo ci-dessous. Prenant à la lettre le sens d'une promo video, Kindness en fait un instrument de promotion de sa musique en ne mettant absolument pas sa musique en avant (ce qui a quand même créé un petit buzz sur le Net). Pour les non anglophiles, sachez qu'Adam Bainbridge commence par une pseudo conférence sur son amour de la pop music avant d'expliquer comment celle-ci est faite via une leçon improvisée aux synthés et à la boîte à rythme au petit Raymond. Le tout entre coupé (mais surtout coupé) d'extraits de sa chanson, en live, en playback, et même en cassette audio. C'est totalement fou, totalement suicidaire (car clairement pas du tout calibré MTV ou toute autre chaîne commerciale) et c'est pour ça que c'est indispensable.



Maintenant que vous trouvez, du moins je l'espère, le bonhomme terriblement sympathique et House au moins plaisant, laissez moi vous révéler la terrible vérité : l'album de Kindness n'est pas à la hauteur de ce morceau. Les autres pièces de World, you need a change of mind font preuve d'inventivité, d'éclectisme mais un peu foutraque et viennent un peu ruiner les espoirs que suscitaient House. Comme quoi, A House is not a Home. J'ai découvert cette chanson au cours d'un épisode de Glee et me suis immédiatement mis à chercher son nom et qui l'avait créée ; en général, je connais les chansons qui y sont reprises. Exceptées quand elles proviennent du répertoire de la comédie musicale. Et j'étais persuadé que celle-ci était extraite de l'une d'entre elles pour son côté très Broadway ou très Barbra Streisand. Je n'ai d'ailleurs pas été surpris d'apprendre en écrivant ce post que la chanson fait aujourd'hui partie d'un musical (Promises, promises) et fut reprise... par Barbra Streisand. J'ai en revanche été plus étonné qu'elle fut un bide à sa sortie : la faute, peut-être, à deux versions sorties en même temps (une de Dionne Warwick et l'autre de Brook Benton). C'est pourtant, de mon point de vue, l'une des plus belles du duo Burt Bacharach/Hal David, l'un des plus élégants duo d'auteurs compositeurs de toute l'histoire de la pop music : The look of love, I say a little prayer ou Walk on by, c'est eux, entre beaucoup, beaucoup d'autres. Et c'est précisément l'élégance, le maître mot de cette chanson bouleversante, ce qu'a bien compris Chris Colfer, alias Kurt Hummel dans la série Glee, et les producteurs de cette version. C'est sans doute la plus émouvante que ce personnage interprète dans Glee et celle qui correspond le mieux à son timbre androgyne si particulier. C'est juste dommage que le temps d'un couplet, et pour de bêtes raisons narratives, il doive la partager avec Cory Monteih, à la voix bien plus banale, à l'instar de son personnage, qui fait bien des efforts mais... Il reste sur le seuil de la maison quand Chris Colfer est bien installé sur la banquette du salon.

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