mercredi 14 novembre 2012

Apocalyptique

J'ai l'impression que l'écriture quotidienne de ce blog fait remonter à la surface, comme une psychanalyse le ferait de vieux souvenirs enfouies, des musiques qui m'ont accompagné, enfant, et que j'avais quelque peu occulté. Or, si je fixe à l'année 80 mon intérêt pour la musique, il y a quand même 12 années qui ont précédé et qui ne sont sans doute pas pour rien dans la formation de mon oreille d'auditeur. Je ne vais pas vous parler ici des 45 tours de Sheila qu’apparemment je savais discerner les uns des autres avant même de savoir lire ou même parler correctement. Mais il y a d'autres disques à la maison. Ceux de mes soeurs aînées sur lesquels je reviendrais et ceux de ma mère. Parmi ceux là, il y avait L’Apocalypse des Animaux, la musique que Vangelis avait composée pour la série documentaire de Frédéric Rossif. Si je n'ai aucun souvenir de la série documentaire, je peux vous dire que je me souviens de tous les titres de cet album, au point qu'il m'a été très difficile d'en choisir un en particulier.



La Petite Fille et la Mer comme bien d'autres morceaux de l'album furent sans doute ma première approche de l'ambient avant même qu'on ne nomme ainsi cette musique atmosphérique. Si on veut comprendre les retombées qu'a pu avoir l'écoute de cet album sur moi, il suffit d'écouter à peu près l'intégrale d'Air, que j'aime beaucoup, et particulièrement Jeanne, un morceau inexplicablement planqué en face B de Sexy Boy, et qui bénéficiait de la participation de Françoise Hardy.



Quand j'y pense, Air a aussi revendiqué parmi ses influences François de Roubaix. Et s'il y a un truc auquel je n'ai pas échappé de François de Roubaix, c'est le générique de Chapi Chapo. Derrière l'apparent côté gnangnan du truc, il y a quand même une belle approche des synthés alors naissants et une certaine étrangeté qui ressortait du tout (le générique ne dure que 45 secondes donc épargnez vous ce qui suit, d'autres musiques utilisées au cours du dessin animé).



J'ai dit Air mais j'aurais aussi bien pu écrire Bent, qui sont un peu les Air anglais. Mais quand les uns ont eu une reconnaissance internationale, les autres, pourtant plus fun et sans doute moins prétentieux, n'ont pas franchement marqué les esprits. Pourtant, au contraire de Air, dont certains albums sont juste moyens, Bent a commis un sans faute sur les quatre albums qu'ils ont sorti entre 2000 et 2006. Et là, si vous voulez, c'est comme pour l'album de Vangelis mais en pire parce que quel morceau choisir plutôt qu'un autre ? J'ai opté pour Leavin' me que j'ai du écouter un demi milliard de fois, un disco "rétrofuturiste", je veux dire par là que ça a le son, pour moi, d'un disco qui se serait voulu à la pointe du progrès dans les années 70.



Il se trouve d'ailleurs qu'en faisant quelques recherches pour savoir qui était la vocaliste sur ce titre, je me suis aperçu que Bent avait entièrement samplé la partie vocale sur une chanson de 1970 : Just bidin' my time d'Anne Murray. Moi qui voulais parler des allers retours entre hier et aujourd'hui, je ne pouvais pas mieux tomber. A ce stade d'ailleurs, je vais rester sur cet axe plutôt que de m'embarquer dans une visite du répertoire de Bent qui m'a, un temps, tenté (mais j'y reviendrais).
Je ne possède pas L'Apocalypse des Animaux, et, à vrai dire, n'ai pas spécialement envie de l'avoir. Ce n'est pas que ce soit un mauvais album, bien au contraire, mais ça fait partie des choses qui font partie de mon inconscient musical et je trouve les choses très bien ainsi. Je serais sans doute plus déçu qu'autre chose à réécouter ce disque dans son intégralité et préfère laisser parvenir à moi des bribes via tout ce que cet album a pu inspiré à d'autres. Je n'ai pas, pour autant, aucun disque de Vangelis dans ma discothèque : j'ai un morceau. Il s'agit d'Ask the mountains chanté, en 1996, par Stina Nordenstam dont j'ai déjà dit le plus grand bien ici ; c'est d'ailleurs pour elle que je m'étais procuré ce titre qui s'intégrait alors très bien à son répertoire. Ce qui me fait rire, c'est que ma mère aurait surement détesté Stina Nordenstam ("une voix de souris qui couine" aurait-elle assuré), mais elle aurait sans doute aimé le morceau, ne serait-ce qu'en souvenir de L'Apocalypse des Animaux.

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