lundi 5 novembre 2012

Lundi bleu

Ce post est celui auquel vous auriez du avoir hier si je ne m'étais pas laissé embarquer dans la dernière saison de Damages ; bref, c'est la faute à Glenn Close. Ou c'est grâce à Glenn Close que ce post sur Blue Monday va finalement arriver où il devait arriver : un lundi. Oui, car, étonnamment quand je pense aux lundis, je pense volontiers d'avantage au blue de New Order qu'à la bluette (et je suis gentil) de Jesse Garon, C'est lundi. Blue Monday a marqué de son rythme martial mon adolescence en boîte de nuit.



ta   ta   ta   ta   ta   ta   ta-ta-ta-ta-ta-ta-ta-ta-ta : un rythme qui me faisait me lever immédiatement pour prendre la direction du dancefloor. Enfin, pas tout à fait, puisque, souvent, j'y étais déjà. Non pas parce que je suis la réincarnation de John Travolta dans Saturday Night Fever mais bien plus parce New Order arrivait généralement au cours d'une séquence qui correspondait à mon humeur musicale. On a tendance à l'oublier maintenant en faisant de Blue Monday, une oeuvre exceptionnelle, pierre angulaire de la musique House/Techno qui allait suivre des années plus tard, mais à sa sortie en 83, puis 84, 85 (bref au début de sa "carrière" tant le morceau est devenu un classique qui se joue encore aujourd'hui), le morceau de New Order s'inscrivait de manière cohérente au milieu d'autres titres. Il servait souvent à passer de morceaux joyeusement sautillants et synthétiques à des morceaux à l'humeur plus rock, new wave, plus sombre en tout cas puisqu'il conciliait ces deux univers avec ses synthés et boîtes à rythmes primesautiers et la voix de zombie de Bernard Sumner ainsi que la lourde basse de Peter Hook. Pour parler plus musicalement il était la transition parfaite entre les jappements de jeune chien fou de Dave Gahan sur Just can't get enough de Depeche Mode et les déclamations sombre de la pythie new wave Anne Clark sur Our Darkness. Je me souviens très bien l'avoir entendu enchaîné  (très bien d'ailleurs et très souvent) à The Walk des Cure, sorti la même année. Mais ma préférence, s'agissant son enchaînement était quand New Order précédait... New Order. Comme le plaisir généré par Blue Monday avait des format maxi (c'est le premier d'ailleurs Maxi 45 tours d'importance car la chanson n'existait tout simplement pas en 45 tours), c'était bien d'en rajouter une couche avec 5 8 6 de l'album Power, corruption and lies, paru après la sortie de Blue monday. Cela consacrerait donc ce morceau comme une redite alors qu'il est plutôt la maquette de Blue monday en ce sens qu'une première version du titre était disponible dès 1982. Précisons que le morceau n'est intéressant qu'à partir de 1'50", précédé d'une intro imbitable et systématiquement zappée en boîte.



Monument dès sa sortie, le Blue Monday de New Order n'a eu de cesse de prendre de l'ampleur au fil des années et au fil du nombre de personnes qui le revendiquent dans leurs influences. Au point qu'il est devenu un monument un peu inattaquable : peu se sont frottés à le reprendre. Mais bien plus ont essayé de le remixer. C'est le cas de Quincy Jones pour le remix de 1988, qui franchement n'apporte pas grand chose à part une petite guitare funky. Tant qu'à faire je préfère ce qu'en fait le groupe Electroset en 1993 quand il projette Blue Monday au coeur des Raves avec une relecture très Prodigy, ne samplant que le "How does it feel" de Bernard Summer, qui donne, du coup, son nom à ce morceau.



Toutefois, jusqu'à présent le plus beau remaniement de la chanson restait l'oeuvre de Kylie Minogue ! Enfin presque. Peu après que soit sorti son fameux Can't get you out of my head, un white label fait son apparition dans toutes les boites anglaises, un disque pirate si vous préférez en ce sens qu'il combine les tubes de New Order et de Kylie Minogue, sans évidemment demander ou reverser les droits à aucun des deux artistes. L'intelligence de Kylie Minogue (ou de sa maison de disques), c'est, vu la popularité du morceau, de l'avoir inscrit à son propre répertoire ; c'était la face B de son single suivant Love at first sight et c'est cette version qu'elle ressort souvent en live comme ci-dessous.



Mais à part ces deux versions, j'ai souvent donc été déçu par les remixes de ce titre, qui s'avéraient inutiles eu égard à l'impeccable rendu de l'original. Jusqu'à il y a deux jours. C'est à dire jusqu'à ma découverte du remix de Virgin Magnetic Material, DJ dont j'ai déjà chanté les louanges ici. Je crois que si j'aime tant les remixes de Virgin Magnetic Material, c'est non seulement parce qu'ils sont magnifiquement exécutés mais aussi parce que ce type a des goûts dans lesquels je me reconnais : il a quand même remixé des titres de The Smiths, The Cure, Tears For Fears, Interpol, Echo & The Bunnymen ou les Talking Heads. Et, on voit bien que ce mec aime ces morceaux : il ne les abîme pas mais les sublime; il respecte toujours les morceaux (dans le remix, on entend toujours la ligne de basse dans son intégralité ou toute la partie chant de Bernard Sumner) même s'il les fait rentrer, pas en force mais avec toute la tranquillité de ses beats lourds, dans son univers. Un truc à vous faire passer vite fait le blues du lundi.

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