mercredi 28 novembre 2012

Et tes sœurs ?

J'ai déjà évoqué ici, comme, couche après couche, je retrouve petit à petit ce qui a entouré ma construction d'auditeur de musique. Comme je m'évertue à le décortiquer depuis le départ, on ne développe pas, comme ça, comme si elle avait surgi de nulle part, une passion pour telle ou telle musique. Les éléments extérieurs, outre la musique qui vous entoure à la radio, ce sont aussi les disques qui tournent sur les platines à la maison. Si au rez-de-chaussée, c'était les disques de ma mère, au premier étage, où j'étais le plus souvent réfugié, quand elles n'étaient pas là, il y avait ceux de mes sœurs ainées. Il y avait un paquet de 45 tours et quelques albums. Je me rappelle parfaitement avoir écouté en boucle Starmania au moment de sa sortie. C'est dingue d'ailleurs : malgré l'omniprésence de la comédie musicale (quand c'est sorti, on avait dit "opéra rock") de Berger et Plamondon sur les ondes plus de trente ans après sa sortie et l'empreinte durable qu'elle a eu sur la chanson française, je n'ai pas trouvé Starmania sur Itunes. Il y a toujours une profonde mélancolie qui se dégage de Starmania et c'est ce qui, dès le départ, avait su me charmer. Evidemment, à force de les avoir entendu des milliards de fois, on a fini par se lasser des Complainte de la serveuse automate, Stone et autre Ziggy (surtout depuis que Céline Dion l'a reprise). Mais on peut encore prendre plaisir à réécouter des morceaux moins diffusés comme Monopolis France Gall livre sans doute l'une de ses meilleures performances (certes, dans les aigus, mais performance quand même).



Comme d'habitude, je n'étais pas du tout parti pour vous parler de ça mais bien plus d'autres albums. Car la discothèque de mes soeurs ne tournait pas qu'autour de la variété française. Ainsi j'y ai découvert, en pleine période ska, le Mirror in the bathroom de The Beat.



Le premier album des B-52's avec Planet Claire.



Ou encore le Making plans for Nigel de XTC.



Chacun de ses groupes a ensuite connu des fortunes diverses quant à leur prolongement dans ma propre discothèque. The Beat reste un souvenir par exemple. Alors que B-52's est un plaisir que j'ai prolongé et surtout au moment de la sortie de Cake. J'ai toujours adoré cette chanson car en fait, ce qui me plait, surtout, chez les B-52's, ce sont les voix des filles et Kate Pierson en particulier. Je ne suis pas très fan de la voix nasillarde de leur chanteur. Je ne suis d'ailleurs pas le seul : R.E.M sur Shiny happy people n'avait pas invité les B-52's mais bien Kate Pierson à vocaliser (ainsi que sur deux autres titres de l'album Out of time). Ce que j'aimais aussi dans Cake, vrai rupture par rapport à leurs productions précédentes, c'est que le son des B-52's y avait changé, un changement dont ils sont redevables à leur producteur de l'époque, David Byrne des Talking Heads. Et si aujourd'hui, je dois dire que je ne me suis pas intéressé depuis très longtemps à un album des B-52's (mieux vaut oublier le dernier sorti en 2008), j'ai acquis, pas plus tard que cette année la collaboration entre David Byrne et St Vincent, m'étonnant même que Who ne rencontre pas plus de succès.



Mon histoire avec XTC a également eu des prolongements. Il faut dire que si vous vous intéressez un peu au rock, que vous lisez les journaux, difficile de ne pas, au moins, jeter une oreille aux disques de XTC : on les y compare régulièrement aux Beatles. A cela près, qu'excepté Making plans for Nigel, ils n'ont jamais rencontré le succès. Je ne suis pas comme les critiques, j'ai plus de mal avec XTC. Ca n'est pas que c'est pas bien mais bon, ça ne me fait pas grand chose. Sauf quelques titres. Et, à décortiquer ces titres, j'ai très vite compris quel était mon problème avec ce groupe. Pour tout le monde, le génie de XTC, c'est Andy Partridge, chanteur et guitariste qui a écrit la majeure partie du répertoire du groupe. La partie qui reste, mineure, c'est celle qu'a écrite Colin Moulding, l'autre chanteur et bassiste. Or tous les titres que j'aime de XTC sont signés Colin Moulding. Making Plans for Nigel, c'est lui (et lui qui chante aussi). Ou encore Ball and chain et Runaways sur l'album English Settlement.



A partir de là dur de souscrire en bloc à tout ce qu'a fait XTC.
De la même manière que j'ai fait mon tri dans les albums de XTC, je l'ai sans doute fait, aujourd'hui, avec les années passées, dans les disques de mes sœurs ainées. Avec des morceaux qui sont devenus des souvenirs, d'autres, des standards, des artistes que j'ai suivi, d'autres, pas. Après, quelle influence ont réellement eu ces disques sur la formation de mon oreille, allez savoir !  La seule chose que je puisse dire, c'est que la première fois que j'ai entendu cette reprise de Nouvelle Vague avec Camille au chant, j'ai repensé au petit garçon que j'étais, impitoyablement chassé de la chambre quand mes sœurs arrivaient car je ne devais pas toucher aux disques. Ah ! Ah ! Ah ! Moi ! Pas toucher aux disques !? Vous savez ce que c'est, les enfants, interdisez leur quelque chose et vous savez ce qu'il adviendra. Comme quoi l'influence de mes sœurs...


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