Cent. Je n'ai pas compté, n'ai pas eu à le faire, la machine m'indique bien que ceci est le centième post de ce blog. Tout comme la machine m'a indiqué que des pages avaient été vues depuis l'Inde, l'Afrique du Sud ou le Canada. Vous vous sentez fliqués ? Moi aussi. Une surveillance, qui plus est, incorrecte. Pour ne reprendre que l'exemple de ce blog, qui me dit que le Lituanien qui est arrivé là n'est pas arrivé totalement par hasard à l'occasion d'une recherche Google et reparti aussitôt. Pas grave : sitôt passé, sitôt compté. J'ai une machine, en particulier, qui me flique bien mal : c'est le lecteur Itunes. Ce serait si simple pour un individu ne me connaissant pas d'aller voir sur Itunes de quoi est constituée la liste des titres les plus écoutés et d'en déduire qui je suis. Si simple et si faux. D'abord parce que nous sommes deux à nous servir d'Itunes dans cette maison, ce qui fait qu'on obtient bien plus les morceaux les plus écoutés par le couple que par l'un des deux individus le constituant. Et encore ! Car, nous n'avons pas les mêmes façons d'écouter de la musique ; quand trois écoutes du même disque, en ce qui me concerne, est une marque incontestable de l'amour que je lui porte, mon copain lui, moins boulimique et sans doute plus obsessionnel, écoutera le même titre jusqu'à la lie. Ce qui fait notamment qu'on trouve le Dance with me d'Adam Green dans les premiers d'un des classements alors que ce n'est pas franchement ma tasse de thé. Oui, je dis d'un des classements, car il y en a plusieurs qui correspondent au nombre de fois où j'ai changé d'ordinateur. Soit, comme tout le monde, au fur et à mesure que la technologie dans le domaine avance, un paquet de fois. Or, à chaque fois que je réinstalle Itunes, c'est comme si je remettais les pendules à zéro. La comptabilité Itunes ne reflète donc pas réellement les disques écoutés depuis que j'ai Itunes mais les disques écoutés depuis l'acquisition de l'ordinateur sur lequel je l'utilise. Elle est au mieux le reflet d'un laps de temps. Possédant toujours mon vieil ordinateur, je suis allé consulter la liste de ce qui y tournait le plus jusqu'à fin 2011 et depuis... euh, je sais pas trop. Toujours est-il que le n°1 de cette liste est le Sophie Calle n°108 de Cali.
Vous pourriez en déduire un peu vite que je suis (ou nous sommes) fan(s) de Cali et me demander ce que je pense de son dernier album. Et je ne saurais foutrement rien vous répondre dans la mesure où je ne l'ai pas écouté. Il eut été plus judicieux d'y voir un goût prononcé non seulement pour cette chanson mais aussi pour l'artiste contemporaine Sophie Calle, qui, dans Prenez soin de vous, avait demandé à 107 femmes de différents horizons (avocate, danseuse, religieuse, sportive...) de faire un commentaire de l'e-mail de rupture qu'elle s'était vue envoyer. Cali s'était proposé pour un 108ème, donc, commentaire. Et la chanson étant quand même sacrément réussie, elle est restée longtemps en boucle. Mais, si je cherche la même chanson dans les 200 titres les plus écoutés depuis l'acquisition de mon nouvel ordinateur, je ne la trouve nulle part. Je sais d'ailleurs que certains morceaux de mon actuel Top 10 connaîtront un sort similaire à un moment ou un autre pour une autre histoire de chiffre. Pour avoir le meilleur son possible sur un fichier son, il faut que le morceau (désolé d'être technique mais je vous promets ça va pas durer longtemps) soit encodé au plus haut débit qu'on puisse trouver soit, à l'heure actuelle, 320 kbits/s. Or, on trouve sur le Net quantité de fichiers qui sont encodés à un pauvre 128 Kbits/s, ce qui ne pose aucun problème à la plupart d'entre nous mais me tourmente aujourd'hui assez pour que j'envisage de réencoder une bonne partie de ma discothèque. Ce qui est clair en tout cas pour les morceaux nouveaux et que j'aime beaucoup, comme certains du Top 10 donc, c'est que, dès que j'aurais trouvé une meilleure version, elle viendra remplacer l'ancienne. Et repartira de zéro. On ne saura donc pas, d'ici peu, à quel point j'ai pu écouter La ballade de Jim reprise par Paradis.
Sans compter (enfin si, en comptant, justement) que Itunes me flique à ce point mal qu'il oublie une écoute pourtant essentielle : l'écoute de mon Ipod. Tout ce que je peux lire sur mon Ipod n'apparaît en effet pas dans l'historique de mes écoutes. Or, c'est là, quand j'ai le casque sur les oreilles, que je peux m'adonner, le son à fond, à quelques unes de mes obsessions musicales, intemporelles ou du moment. Enfin, évidemment, Itunes ne comptera jamais ce que j'ai écouté avant Itunes qui compte souvent bien plus que ce qui est, précisément, compté. Au bout du compte, la musique n'est pas une affaire de statistiques, ne peut se résumer à une affaire de chiffres. Tout juste je pense, et je le pense depuis cent posts maintenant, peut-elle s'exprimer par les mots, par les lettres. Et ce même si le titre le plus écouté sur mon Itunes, le génialissime Midnight City, est l'oeuvre d'un artiste qui porte un numéro : M83. Eh bien moi, monsieur, je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre.
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