Je n'allais pas en rester
là. Le temps, s'il est cruel, sait en matière de musique consoler bien des peines - je vous l'accorde, phrase un tant soit peu prétentieuse, mais bon, c'est tout ce que j'ai trouvé alors faudra faire avec. Le temps donc nous amène souvent à corriger un jugement que nous avions à une époque donnée ; il tempère aussi bien nos enthousiasmes que nos dégoûts. C'est pourquoi, je vous en conjure, n'écoutez, en matière musicale, que vos élans. Les grands manitous maîtres en matière de bon goût sont comme vous et moi : ils se trompent parfois. Quand j'ai commencé à m'intéresser de près à la musique, j'avais ainsi une liste d'artistes préférés assez révélatrice : Bernard Lavilliers, Jacques Higelin, Kate Bush et Abba. A l'époque, encore giscardienne, les deux premiers, encore jeunes et frais, et clairement de gauche, étaient appréciés de la critique ; ce n'étaient pas des artistes qu'on écoutait à la radio (pas encore libre) et je les connaissais de mes soeurs, qui les chérissaient, ce qui devait expliquer du même coup ma passion pour eux, qui, bien vite, s'effaça. Kate Bush est et restera pour moi le maître étalon en matière de musique. J'aurais longuement, je l'espère, l'occasion d'écrire sur elle et sur les multiples sentiments que m'a procuré sa musique au cours des années. Même si elle était déjà apprécié, sa quotte auprès de la critique musicale n'a fait que progresser tout au long de sa carrière au fur et à mesure d'une carrière, je le répète, irréprochables. Et puis il y avait Abbas dont j'étais tombé amoureux fous à l'occasion de leur
Gimme, Gimme, Gimme (A man after midnight). Et là, la Critique peut aller se cacher. Si l'on reconnaît aujourd'hui Abba comme l'un des groupes majeurs de la pop music, autant vous dire qu'il n'était pas très bon de crier son amour pour eux à l'époque. A l'époque, Abba, c'était caca. La faute au punk, au rock, à ce que vous voulez. Abba était aussi infréquentable que le disco, un genre, lui aussi, totalement réévalué après des années de purgatoire, par toute la vague House et tout ce qui s'en suivit. C'est donc, presque honteux, que j'avouais ma passion pour le groupe, quand, toutefois, j'osais l'avouer. Aujourd'hui, quand je tombe, par exemple, sur ce mash up entre Abba et Ellie Goulding (par les excellents
The Reborn Identity) je n'ai qu'une envie, le partager avec le plus grand nombre. Il montre que même un de leurs morceaux les plus "cheesy" peut s'avérer une véritable petite merveille (avec de nouveaux habits).
ABBA vs Ellie Goulding - Lights Are Gonna Find Me (mashup) from
Reborn Identity on
Vimeo.
Je n'en finirais plus, ici, d'énumérer les erreurs de la Critique. Ainsi moi qui, très tôt, ai adoré les synthés, ai du attendre, très tard, que la Critique les considère enfin comme de réels instruments à l'égal des guitares. Et de passer à côté de la majeure partie de la vague synthétique des années 80 comme les Soft Cell, Blancmange, Yazoo, j'en passe et des meilleurs, n'ayant de réelle considération pour Depeche Mode qu'à partir de
Personal Jesus, au moment donc, où ceux-ci montrèrent qu'ils savaient manier... la guitare ! C'est toujours jouissif, des années plus tard, de voir que vous n'aviez pas si mauvais goût. Parmi ces groupes que j'ai toujours su chérir et que la Critique a longtemps démoli, il y a Duran Duran, nouveaux romantiques honnis dans les années 80, chanteurs à midinettes qu'on ne regardait que de haut. Bien plus que pour
The reflex, Girls on Film ou
Is there something I should know ?, c'était pour leur album
Rio. Je ne saurais que trop vous recommander la lecture de
la critique des bien pensants Pitchfork à l'occasion de la réédition de l'album en 2009. Bref, ne vous laissez jamais dicter votre conduite musicale. Et dites vous bien, de toutes façons, que vos mauvais goûts en disent plus sur vous que n'importe quelle idole encensée, mais c'est une autre histoire. En voiture Simone !
Duran Duran - The Chauffeur [uncensored] from mm1 on Vimeo.
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