vendredi 21 septembre 2012

Courir toujours

The Zolas sont ma dernière découverte en date. C'est un duo canadien qui a publié un premier album il y a deux ans mais qui ne s'attendait pas, avec le premier single de leur second album annoncé pour cet automne, à enflammer la toile comme ils viennent de le faire. A peine postée sur leur site Web, leur nouvelle chanson Knot in my heart se retrouvait n°1 du classement Hypem, l'agrégateur de blogs musicaux bien connus des amateurs. "Une première pour nous" s'enthousiasmaient The Zolas, publiant fièrement, il y a deux jours, leur première place en Une de leur site.



La chanson mérite sa première place au sens où il s'en dégage un charme pop rock que, personnellement, j'attache au piano qui apparaît à 25 secondes du début. Mais cette chanson ne mérite pas plus cette première place que d'autres aussi bien tournées mais qui ne connaîtront pas les honneurs des blogs musicaux les plus en vue, et, du coup, les plus suivis. Pourquoi eux ? Qu'est-ce qui fait le buzz autour de ce groupe ou de cette chanson ? Et qu'est-ce qui le défait ? Car, à l'occasion de ce post, je suis allé voir sur Hypem où en était le groupe. Hypem répertorie les titres dans son classement en deux catégories "Popular last week" et "Popular now", now voulant dire les trois derniers jours en ce qui les concerne et, que ce soit sur la semaine dernière ou sur les trois derniers jours, cela en dit long sur la façon dont nous consommons aujourd'hui la musique. Or The Zolas n'apparaissent plus... nulle part dans aucun des deux classements ! Grosso modo, le temps d'un clignement d'yeux - on l'occurence d'oreilles - vous a fait rater ce qui était pourtant LE morceau à ne pas manquer sur la Toile ces derniers jours. Attention à rester vigilant ! Pour être honnête, le morceau pourra être reposté, réapprécié par les Internautes et rentrer à nouveau dans le classement des titres les plus en vue dans les jours, semaines et même mois à venir. C'est exactement ce qui s'est passé pour le morceau ci-dessous, avec quelques mois années plus tard le succès que l'on sait (je me rappelle parfaitement avoir entendu ce morceau deux ans avant que les radios en fasse un incontournable de leurs playlists).



Je doute toutefois que The Zolas rencontrent le même succès que Foster The People. Mais force est de reconnaître qu'ils ont, aujourd'hui, la grace, ce truc qui fait qu'on va les écouter avec plus d'attention que les autres. Mais la grace se déplace vite. Et déjà, ce sont les CHVRCHES qui ont pris la place occupée hier par The Zolas. Et demain ? Et après demain ? Pas un jour, pas une minute à perdre, il faut être branché pour ne pas être déconnecté. Mais pourquoi ? Parce que, oui, c'est toujours agréable de découvrir un nouvel artiste, une nouvelle chanson, au sens où trois minutes de parfaite pop song vous procure un shoot instantané de bien être. Mais derrière ce shoot de quelques instants, qu'est-ce qui se cache ? Quelle est la motivation profonde ? Pourquoi connaître l'existence des Zolas est-il primordiable à votre/mon bien être ? Pour ne pas être dépassé. Dépassé par quoi ? Par le temps, bien sûr. Et nous y revoilà. Je me souviens très bien, il y a vingt ans, avoir discuté avec des copains de vingt ans mes ainés, se moquant gentiment de ma musique "branchée" ou, en tout cas, branchée sur son époque, moi me moquant gentiment de leur côté "ringard" et dépassé. "Tu verras, un jour, tu seras comme nous/moi", me juraient-ils. Et je me suis toujours promis de ne pas être comme eux. De continuer à vivre pour ces quelques instants pop qui vous maintiennent au rang d'éternel teenager. C'est le temps que je nargue avec The Zolas et tous les autres, en sachant très bien qui finira par gagner le duel que je suis en train de lui livrer. Mais je gagne, pour l'instant, encore un peu... de temps. Ce qui m'amène à la chanson qui fait de moi, moi, comme me le demandait le test Six Songs of Me du Guardian évoquée ici. A cette question, j'ai répondu Desire as de Prefab Sprout.



"I've got six things on my mind/You're no longer one of them" chante Paddy McAloon tout au long du morceau. J'ai toujours pensé qu'il chantait "I've got sixteen on my mind", ce qui tombait plutôt bien pour une chanson parue l'année de mes seize ans. C'est sans doute pour tout ça que voir ce qu'est devenu aujourd'hui Paddy avec une longue barbe de vieux monsieur - d'ailleurs, je renonce ici à vous le montrer, vous n'avez qu'à chercher ! - m'est difficile parce que j'ai toujours seize ans (ou du moins, je veux y croire) et qu'ainsi, il n'en fait plus partie. Alors qu'à l'époque où ils étaient jeunes et beaux (qu'ils sentaient bon le sable chaud), à l'époque où ils avaient la grâce, Prefab aurait été facile en haut de tous les classements Hypem. C'est comme le temps : Cruel.


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