Je me dois, déjà, d'expliquer le titre de ce post. Il m'est venu naturellement puisque je vais tacher de démontrer ici (et ça va pas être de la tarte, vous pouvez me croire) que l'on n'écoute pas la musique de la même façon selon l'endroit d'où l'on vient, l'endroit pouvant être dans l'espace comme dans le temps, voire dans la société, mais là je sens que je vous perds. Et m'est revenue la petite comptine "D'où viens-tu, Basile/ Sur ton beau cheval perché ?". Sauf que non, ce brave Basile ne vient pas mais va comme j'ai pu m'en apercevoir en consultant les paroles de la chanson signée tout de même Loulou Gasté pour Line Renaud et là, je sens que je vous perds encore. Tout ça pour vous dire qu'il n'y a que moi qui pouvait titrer "D'où viens-tu, Basile" même si je doute que l'on puisse ainsi m'identifier.
Si j'en suis arrivé là, c'est à cause de Terry Hall évoqué ici. Outre ses chansons pour les Specials, Fun Boy Three, Colourfield ou Bananarama, Terry Hall est l'auteur d'un tube entêtant pour qui, comme moi, écoutait les radios libres à leur éclosion. Et là je me dois de préciser l'endroit car la radio de Marseille d'alors était bien différente de celle de Lille, surtout quand on habitait, comme moi, à Royan. Chacune de ses stations était animée par des gens passionnés de musique avec leur goût bien à eux, ce qui fait qu'en ces temps bénis du non formaté, on pouvait entendre tout et n'importe quoi sur les radios selon l'endroit où vous viviez. Et l'un des premiers tubes propre à Royan, en ce sens qu'il était n°1 au hit parade de Royan Fréquence, quand je ne l'entendais nulle part dans le hit parade de Jean Lou Laffont sur Europe 1, c'était Our lips are sealed des Go-Go's.
Puisque je ne cesse de m'égarer, rappelons que cette chanson désignée, excusez du peu, comme l'une des 100 meilleures chansons pop de tous les temps par Rolling Stone, et dont je vous invite à découvrir l'histoire, fut l'objet d'une reprise à mon avis meilleure que l'originale par ce même Terry Hall avec ses Fun Boy Three deux ans plus tard.
Cette chanson veut donc dire beaucoup pour moi, dans mon parcours musical, mais elle ne veut sans doute pas dire grand chose, ou du moins pas autant, à quelqu'un qui aura entendu autre chose à la radio à la même époque. Histoire d'appuyer un peu plus ma démonstration, voici le titre qui succéda aux Gogo's à la tête du hit parade de Royan Fréquence, et qui, pour le coup, ne fut connu qu'à Royan (et peut-être un peu en Belgique, Jo Lemaire étant belge) : Jo Lemaire + Flouze Voices in the silence.
06 Voices in the silence by Cestunevie.com
Toujours dans ces titres marquants, à ce moment et à cet endroit (faut croire qu'il y avait un axe Royan-Bruxelles), Action Man des Polyphonic Size (produit par Jean-Jacques Burnel des Stranglers)
Et ma démonstration ne serait pas totalement parfaite sans ce qui allait marquer tout ado ayant grandi dans les années 80 dans la région de Royan, la chanson allant être joué (très) longtemps dans toutes les discothèques du coin : le célébrissime Adieu Paris des Fils de Joie.
Si vous avez grandi ailleurs, à une autre époque ou non, vous avez sans doute vos propre Jo Lemaire, Polyphonic Size et autre Fils de Joie mais ce sont ceux-là, entre autres, qui ont fait de moi le mélomane unique que je suis aujourd'hui. Unique au sens où nous sommes tous différents quand il s'agit de musiques et de notre rapport à elle. Et que nos choix révèlent souvent notre personnalité. Je vous invite, pour vous en convaincre, à vous soumettre au test Six songs of me lancé par le Guardian. En 6 questions (quel est le premier disque que vous avez acheté ? Quelle chanson vous fait toujours danser ? Quelle chanson vous ramène à votre enfance ? Quelle est la chanson d'amour parfaite ? Quelle chanson voulez-vous qu'on joue à vos funérailles ? Et une chanson qui fait de vous, vous !), ce test dresse si ce n'est un portrait, une belle esquisse de ce que vous êtes musicalement.
Tout ça, évidemment, respire un peu la naphtaline. Et histoire de revenir à aujourd'hui et de retomber sur mes pieds, on m'a demandé récemment pour un film de voyage en Pologne de dénicher des titres pour la bande son. Seulement, voyez-vous, la pop polonaise, euh, comment dire ? Vous en connaissez, vous, des groupes polonais ? Cela veut-il dire qu'il n'existe pas de bonne musique en Pologne ? Non, ça veut juste dire que je n'y vis pas et que forcément l'impact qu'aura sur moi Brodka sera bien moindre que celui qu'elle pourra avoir sur n'importe quel teenager d'aujourd'hui à Varsovie ou Cracovie.
DANCING SHOES - BRODKA (muz. B. Dziedzic, M. Brodka / sł. M. Brodka, Q. Carenzo) by Kayax Label
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